A l’appel de la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et en pharmacie du Maroc (CNEM), plusieurs centaines d’étudiants en médecine venus des quatre coins du pays ont organisé vendredi 19 janvier un sit-in, aux abords du siège du Parlement, à Rabat. Objectif : protester contre la décision de réduction de la durée des études de 7 à 6 ans et réclamer une réforme du 3ème cycle. Une pluie battante qui tombait ce jour-là n’a pas dissuadé les jeunes manifestants qui ont scandé à gorges déployées des slogans en faveur d’une médecine de qualité qui passe selon eux par le retour à l’ancien dispositif de 7 ans d’études. Entrée en vigueur en 2021, ce raccourcissement d’une année du parcours scolaire en médecine a été instauré par le gouvernement en vue de pallier le déficit chronique en praticiens.
Mais on a du mal à voir la causalité entre la réduction du nombre d’années d’études et la résorption de la crise des effectifs dans le secteur médical. Autrement dit, ce n’est pas parce que les futurs médecins, comme semble le penser le ministre de la Santé et son collègue de l’Enseignement supérieur, arriveront tôt sur le marché du travail que les hôpitaux du pays seront correctement dotés en ressources humaines. Le véritable problème réside dans la crise d’attractivité de la profession au Maroc. Ce qui se traduit par un exode massif de médecins vers l’étranger. Selon certaines sources, sur 2100 médecins formés localement, près de 700 cèdent aux sirènes de l’émigration Autre problème chronique qui n’a aucun rapport avec la réduction des années d’études, les inégalités de soins criardes dans les régions avec une concentration des médecins sur l’axe Rabat-Casablanca.
Le déficit est chronique notamment dans les petites villes et territoires ruraux qui faute de médecins spécialistes et souvent de médecins tout court sont devenus depuis longtemps des déserts médicaux. Résultat: avec une densité de 7 médecins pour 10.000 habitants, le Maroc est très loin des normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixées à 15,3 médecins. Au lieu d’agir sur les raisons objectives à l’origine de maux qui minent la santé au Maroc, les décideurs continuent à se lancer dans des expérimentations hasardeuses. Sabrer dans les années d’études en médecine au risque de toucher à la qualité de la formation qui a besoin au contraire d’être améliorée surtout dans le volet stages c’est mettre un cautère sur une jambe de bois ou administrer du doliprane à un cancéreux…
- mer, 18 décembre 2024