C’est toujours la même chanson…

Une équipe du canard a interrogé le ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication Mohamed Mehdi Bensaïd  sur le dernier dérapage du rappeur Toto qui a suscité une vague d’indignation parmi les gardiens autoproclamés des bonnes mœurs…

Vous vous êtes mis sur la sellette à cause des propos d’un rappeur marocain qui a reconnu en pleine conférence de presse qu’il fume les joints et qu’il n’ aucun mal à dénicher du cannabis qui se vend au coin de la rue…

Et alors ? Il a le droit de s’exprimer. On est en démocratie, non ?  Et puis, il ne faut pas oublier que c’est un rappeur et le propre d’un rappeur d’ici comme d’ailleurs c’est de dire tout ce qui lui passe par la tête sans filtre aucun. Il ne faut pas compter sur Toto et ses semblables pour composer une symphonie ou tenir un langage propre, policé et hypocrite. Ce n’est pas l’ADN des rappeurs en général.  

Vous défendez Toto. Ne Seriez-vous par hasard un fan du rap qui dérape ?

Pas vraiment. Le rap comme je viens de le dire c’est trash, direct,  provocateur, impudique et  émaillé d’obscénités ;  c’est la voix du peuple des exclus et  des marginalisés. Les tubes des rappeurs et leurs paroles en général ont un côté cru, irrespectueux qui peut choquer les âmes bien éduquées et sensibles…

Vous n’êtes pas choqué vous ?

Il en faut pour que je sois choqué. Je suis immunisé surtout contre ceux n’en ratent pas une pour jouer les vierges effarouchées alors que nous vivons dans une société fâchée avec l’éducation et que rien  n’effarouche plus vraiment… C’est toujours la même chanson… L’essentiel c’est que le gouvernement par la voix de son porte-parole a condamné les propos de Toto qu’il a jugés contraires aux bonnes mœurs.

Tout cela ne serait pas arrivé si votre ministère n’avait pas invité ce rappeur, en tant que représentant de  paysage culturel national, à animer un concert lors du festival de Rabat…

Toto El Grande représente un style musical tendance en ce moment qui cartonne sur toutes les plateformes et trouve un grand écho auprès des jeunes dont je suis aussi le ministre. Je ne pouvais pas l’ignorer.

C’est la première fois que  le ministère de la Culture invite ce Toto à animer un concert et en guise de reconnaissance il a félicité votre département devant des milliers de fans lors du festival L’boulevard à Casablanca qui a été au demeurant émaillé  de scène de violences inouïes. Cela vous flatte-t-il ?

Non, cela ne me flatte pas dès lors que l’affaire le langage ordurier de ce Toto a déteint sur mon image de ministre jeune, propre et de bonne famille. Non, Toto ce n’est pas mon univers. Mais il reflète une réalité bien marocaine avec laquelle je dois composer…Toto est une star qui bénéficie d’une grande présence sur les réseaux sociaux et la musique mainstream. Il a beaucoup de fans parmi la jeunesse et des followers par milliers… Donc je follow, je veux dire je suis le mouvement …

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