Une équipe du Canard a rencontré le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi dans une compétition de sorties spectaculaires où il a brillé de mille feux.
Savez-vous comment s’appelle un ministre qui ne mesure pas ses paroles, qui dit la chose et son contraire, se lance des volte-face permanentes et se met à dos ses anciens confrères ?
Arrêtez vos insinuations irrespectueuses à l’égard du ministre de la Justice que je suis enfin devenu au prix de multiples reniements et sacrifices verbaux. Ce n’est pas faute de la girouette que je suis pour certains mais au vent politique qui tourne.
Mais encore ?
Par les temps qui courent, ce n’est pas facile de rester constamment sur une seule position. Même le climat n’arrête pas de changer a fortiori un être faible et peu fiable comme moi qui subit toutes les pressions, atmosphériques, politiques et autres… Du coup, je me trouve obligé de moduler mes actes et mon verbiage selon les situations. Je me contredis, donc je suis.
Un excellent homme politique est celui qui tourne sa langue plusieurs fois avant de parler…
Ce n’est pas mon cas. Certains réfléchissent avant de parler ; moi je parle sans réfléchir. C’est ma nature et surtout ma façon de faire de la politique. Mais il faut au moins me reconnaître l’avantage d’amuser la galerie politique par mes sorties spectaculaires. Sur ce plan, je suis le seul ministre qui fait parler de lui.
Accuser vos anciens collègues de fraude fiscale procède-t-il chez vous de la volonté d’amuser la galerie ?
La fraude fiscale est un sport national où les Marocains, toutes catégories confondues, excellent le plus. En soutenant que les avocats s’en fisc, je n’ai dit que la vérité. Les porteurs des robes noires ne sont pas blancs comme neige…
Vous n’auriez pas fait partie du gouvernement actuel si vous aviez respecté votre engagement de ne pas être ministre dans un gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch…
L’homme qui a fait cette déclaration irréfléchie à la presse est mort. C’était l’homme de l’opposition, désireux de se donner une certaine respectabilité politique en crachant sur la ministrabilité à tout prix. Le Ouahbi nouveau, qui a su plaider sa cause, n’a rien à voir avec l’ancien depuis que le parti qu’il dirige a décroché la deuxième place du podium électoral lors des dernières législatives.
Comment trouvez Aziz Akhannouch comme Premier ministre ?
C’est un excellent et charmant monsieur qui n’a rien à voir avec l’homme que je critiquais naguère. C’est un réel plaisir que de travailler avec lui. Comme quoi, l’amour politique vient après le mariage gouvernemental.