Une équipe du Canard a été reçue par le directeur général de l’agence nationale de la sécurité routière (NARSA) qui s’est exprimé sur les raisons de la mauvaise conduite de son agence…
L’agence que vous dirigez, vient d’annoncer un projet d’acquisition de 360 radars routiers pour une enveloppe de 26 millions de DH…A quoi rime ce marché?
L’objectif de mon appel d’offres est de renforcer notre arsenal de radars de telle sorte avec des appareils sophistiqués que le Maroc devienne puissance régionale dans ce domaine.
Mais encore ?
Les radars en cours d’achat sont innovants. Fonctionnant de jour comme de nuit en mode manuel ou automatique, ils sont dotés entre autres nouveautés d’un écran permettant l’affichage en couleur des photos et des vidéos des véhicules contrôlés.
Le principal rôle des radars n’est-il pas de contribuer à la diminution des victimes sur les routes ? Or, au Maroc, les morts du fait des accidents de la circulation ont non seulement du mal à baisser mais augmentent au fil des années. Comment expliquez-vous ce paradoxe?
Sincèrement, je n’arrive pas à me l’expliquer. C’est quelque chose qui me dépasse sans me mettre en colère ni m’empêcher de dormir. Mais c’est un problème qui, j’en suis conscient, interroge la stratégie de mon agence, NARSA et l’efficacité de son question…
Le constat qui s’impose c’est que les campagnes de sensibilisation inopérantes et les achats de radars passent à la vitesse supérieure sans que la sécurité routière ne connaisse d’amélioration significative.
Vous ne trouvez pas qu’il s’agit-il d’un grand gâchis ?
En fait, cela dépend pour qui. A mon avis, les choses roulent: les marchés de radars sont lancés, les campagnes de sensibilisation concédées.. et les budgets consommés.
Mais à quoi sert Narsa si la mortalité routière continue à grimper dans ce pays (une hausse de 9,5% durant les 10 premiers de 2023 par rapport à la même période et une perte en PIB de 1,6 %)…
Je le reconnais sans détour, la route au Maroc continue d’être mortelle avec en moyenne 10 morts et 250 blessés par jour.
Bon an mal an, chaque année plus de 3.500 vies sont fauchées par les drames de la circulation et près de 12.000 s’en sortent avec des séquelles graves. Mais je n’arrive pas à faire changer de conduite aux conducteurs malgré les gros moyens déployés, à grand renfort de manœuvres de toutes sortes.
C’est peut-être votre agence et son chef qui doivent changer de conduite…
Vous avez certainement raison. C’est pour cela que je compte lancer dès demain une campagne de dépannage pardon de rattrapage d’envergure nationale au profit des mauvais élèves de Narsa.