J’ai chopé le mal du confinement

Ex-président du WAC, figure du PAM, Saïd Naciri s’est confié au Canard sur ses conditions carcérales qu’ils trouvent indignes de sa stature  d’expert en trafics divers…

Selon la direction de la prison de Oukacha, vous êtes un détenu indiscipliné qui ne respecte pas les règles de la vie en détention et pousserait même le personnel à se révolter contre  la pénibilité de leurs conditions de travail…

Ils m’ont collé  cette accusation parce que j’ai osé défendre mon droit à la santé, à l’extérieur des murs de Oukacha où son air irrespirable me pousse au militantisme et même à  la révolte.

Mais vous êtes en détention préventive et un prisonnier de  ce type ne peut pas quitter sa cellule…

Mais ce n’est pas la mer de trafic à boire :  j’exige juste de sortir de prison pour  soigner dans une belle clinique confortable conforme à mon statut une maladie potentielle qui risque de s’abattre sur ma grande personne.
C’est une démarche que j’ai faite par mesure préventive   auprès de la direction au nom du fameux adage : il vaut mieux prévenir que guérir. Mais les responsables l’ont pris  mal, exigeant que je présente un dossier médical justificatif. Mais je n’en ai pas.

Vous êtes un prévenu qui a la possibilité de se faire  soigner en prison qui dispose d’une unité de soins performante…

Cela ne me convient pas car cette structure ne dispense pas des soins  personnalisés auxquels a droit un VIP de mon rang, président de club de football de premier plan, homme politique parachuté et baron parmi les barons pas lâche mais  lâché… Un peu de reconnaissance, bon sang!  

Au fait, vous souffrez de quelle maladie ?

La maladie du confinement en cellule est individuelle. En fait, je suis devenu tellement  accro à la liberté, aux belles voitures, aux repas gargantuesques et à la vie du grand luxe que je me sens tout petit à Oukacha. Ici, les geôliers ne me saluent pas avec obséquiosité alors que j’étais l’objet de tous les égards et de  toutes les sollicitations avant que ce  foutu faux Haj malien ne fasse basculer ma vie dans l’horreur et le déshonneur.

Mais encore ?

L’enfermement qui risque de se prolonger   est dangereux pour ma santé, risquant de  provoquer chez moi une allergie chronique et des tendances oppositionnelles…

Mais ce que vous décrivez n’est pas une maladie dangereuse…

Mais elle peut l’être, d’où ma  demande de me faire  soigner à l’avance dans une clinique de mon choix au dehors.  Les responsables n’ont qu’appliquer pour mon cas  la peine hospitalière avec bracelet électronique au lieu de la peine  de l’enfermement bête, méchante et asphyxiante.

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