La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable Leïla Benali a reçu une équipe du Canard pour lui parler de son programme…
On ne vous entend pas alors que votre département a été propulsé au-devant la scène par la flambée continue des prix des carburants à la pompe. Pourquoi ce silence ?
Les prix des énergies fossiles à l’international ont atteint un niveau tel que j’en ai perdu la voix. Seule une décrue significative des prix est susceptible de me rendre la parole.
Donc c’est le wait and see chez vous ?
Absolument. Autrement, je n’ai rien à dire ni à annoncer aux Marocains pour les rassurer. Donc patience en attendant des cours meilleurs qui viendront un jour ou l’autre.
A défaut d’agir, vous pouvez au moins les faire rêver en leur parlant de voitures électriques pour qu’elles deviennent réalité…
Les voitures électriques et ces machins qu’on appelle les trottinettes ce n’est pas vraiment mon fort. Les bornes électriques c’est pour les bornés. Personnellement, je leur conseille le vélo ou la marche à pied qui restent les meilleurs moyens pour ne pas se ruiner dans les stations d’essence.
Mais encore faut-il aménager des pistes cyclables et des zones piétonnes ?
C’est le problème des communes. Mais les élus s’en foutent puisque leur sport de prédilection de toujours c’est de faire marcher les pauvres citoyens.
Et la voiture électrique avec les mesures incitatives qui vont avec ?
Je suis trop qualifiée pour ce genre de projets. Moi mon dada, pour lequel j’étais formée, c’est la transition énergétique qui n’en finit pas de transiter et le développement durable qui dure dans le temps. Je suis dans la stratégie et la réflexion à long terme sur 30 ou 40 ans, qui est l’échéance des politiques sectorielles marocaines. Ailleurs, on parle de décarbonation de l’économie, dans les pays du monde, la tâche est plus compliquée car il faut d’abord décarboner le Marocain.
En somme, un bon ministre au Maroc c’est celui qui préserve son énergie et se projette avec la force de l’inertie au-delà de son mandat de 5 ans.
Quel est votre espace et votre temps de projection ?
Mon espace de projection va au-delà du Maroc avec mon rêve de voir l’humanité dotée d’une voiture à vent, qui transforme les paroles en l’air en fausses promesses en or. C’est ma façon moi de laisser mon empreinte, affranchie que je suis de toute contrainte climatique, pardon politique.