Une équipe du Canard a rencontré l’ex-maire de Fès – dont il est toujours député – dans une ruelle de la médina où il faisait du porte-à-porte à la tombée de la nuit…
Après un exil en Turquie qui vous a éloigné de la vie politique nationale et du Parlement, vous avez regagné il y a quelques mois le pays. Pourquoi ?
L’approche des élections ! Nous, hommes politiques marocains, nous adorons nos concitoyens à telle enseigne que nous nous en rapprochons qu’à l’approche des élections. Sinon, c’est la politique de l’éloignement le reste du temps. Pour ma part, je préfère prendre mes distances avec eux pour ne pas être pesant…
Et vous comptez peser pendant la prochaine campagne législative ?
Bien évidemment. En effet, j’ai plein de revanches à prendre. Reconquérir mon siège de député et surtout récupérer mon strapontin de maire de Fès qui m’a été chipé par cet islamiste inconsistant, qui avait affirmé ne pas vouloir travailler « biliki » (à l’œil). Les électeurs fassis doivent savoir que je suis disposé à trimer comme un mulet jour et nuit, gratuitement.
Gratuitement ?
J’ai profité de mes mandants précédents pour remplir ma mission et mes comptes… Maintenant, je suis rassasié et je ne compte vivre que de l’amour et du respect de mes concitoyens…
Je ne suis pas encore fini contrairement aux rumeurs distillées par mes détracteurs masqués. Que ces derniers soient rassurés, je suis le phénix qui renaît toujours de ses cendres.
On raconte que l’Istiqlal refuse de vous donner l’accréditation… Est-ce vrai ?
Je ne suis pas au courant. Mais à supposer que ce soit vrai, il n’y a pas que l’Istiqlal dans la vie. Il y a d’autres boutiques politiques qui se feront un plaisir d’accorder leur investiture à une ancienne star politique déchue qui a décidé de revenir en force à tout prix.
Avez-vous un programme ?
Revenir en grâce auprès des Istiqlaliens qui m’en veulent à mort pour les avoir fait sortir du gouvernement du temps de mon concurrent en bouffonnerie Abdelilah Benkirane. Mais je jure sur la tête de Al Othmani que je les conduirais de nouveau aux affaires… juteuses. Il faut juste qu’ils fassent confiance à mon flair de petit syndicaliste devenu grand politicien dans un contexte de vide sidérant.
Pensez-vous réellement que vous avez encore de l’avenir ?
Bien sûr ! Je suis un homme du passé tourné vers son propre avenir. Je reconnais avoir commis des erreurs en me laissant manipuler, mais je vous assure que mes années d’exil turc m’ont aidé entre chawarma et kebab à méditer sur plein de choses…
Par exemple ?
Sur mon statut d’être politique fragile et périssable. J’ai réalisé alors que le fait de faire le plein du vide est une activité à double tranchant que l’on peut payer cash. Cela dit, il ne faut pas compter sur moi pour faire le guignol. Le Chabat nouveau s’est assagi. Il est doux comme un agneau.