Une équipe du Canard a fait une rencontre à distance avec le secrétaire général de l’Istiqlal Nizar Baraka qui continue depuis qu’il a été expédié dans l’opposition à s’ériger en défenseur du petit peuple…
Vous avez récemment fait une sortie fracassante à distance devant les membres du Conseil national où vous avez accusé le gouvernement de céder aux lobbies qui lui dictent la loi de finances… Pourquoi cette charge ?
Oui, ce gouvernement est nul et non avenu. Il est devenu le jouet des lobbies de toutes sortes qui lui dictent la marche financière et économique à suivre. C’est un acte de concurrence déloyale. Il faut que ça cesse ! Trop, c’est trop.
Comment ça ?
Les lobbies sont l’apanage de l’Istiqlal et représentent notre cœur de métier politicien. Nous les avons tellement chouchoutés du temps de notre présence dans les allées du pouvoir qu’ils sont devenus forts et repus. Qu’un gouvernement islamiste vienne aujourd’hui nous les piquer sans prendre notre avis est proprement scandaleux.
A ce point…
Chacun sa clientèle et son positionnement. L’Istiqlal que je dirige un peu et qui s’est toujours interdit de marcher sur les plates-bandes des autres entend bien défendre son pré carré politique pour ne pas se laisser voler son fonds de commerce qu’il a mis longtemps à se construire.
Vous avez soutenu devant vos militants que « le gouvernement ne traitait pas les intérêts des lobbies avec la même intransigeance et rigueur qu’il le fait avec les intérêts du peuple et les propositions de l’opposition ». Pourriez-vous expliciter plus votre pensée ?
Depuis qu’un certain Hamid Chabat nous a fait quitter le paradis gouvernemental pour nous jeter dans les affres de l’opposition, l’Istiqlal est devenu malgré lui le nouveau défenseur des intérêts du petit peuple face au grand capital. Dès lors, j’ai redécouvert les voix des laissés-pour-compte et leur importance en ces temps politiques incertains pour revenir aux affaires en barrant la route aux populistes de tout poil…
Parait-il, on ne défend jamais mieux les pauvres que depuis les travées de l’opposition…
C’est exact. J’ai dit texto dans mon intervention devant le conseil national : « Stop à la dilapidation des ressources du pays et rendez l’argent du peuple ». Il faut avoir du courage politique pour dire une telle vérité. D’après certains échos, le gouvernement a été sérieusement secoué par mon franc-parler.
Avec le petit peuple, signons notre grand retour, cela pourrait être le slogan de votre campagne électorale…
Merci pour ce slogan que je trouve fabuleux.
On a tous besoin de plus petit que soi pour accomplir de grandes choses. Et la grande chose pour l’Istiqlal c’est de reprendre sa place naturelle au gouvernement.
Vous y croyez vraiment ?
Avec un peu de chance et de baraka, l’Istiqlal quittera cette maudite opposition qui ne fait pas partie de son ADN. Le pouvoir est dans nos gènes.