L’homme qu’il ne faut pas à la place qu’il faut

Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants

Le président de la Chambre des représentants Rachid Talbi Alami a commenté pour le Canard l’élection de Mohamed Moubdie à la tête de la Commission de la Justice et de la Législation.

La commission de la Justice et de la Législation a connu récemment un fait pour le moins insolite, l’élection à sa tête de Mohamed Moubdie du MP alors que celui-ci est sous enquête judiciaire pour des faits délictueux en relation avec sa gestion communale …

Er alors ? Personnellement,  je ne vois pas de problème dans cette élection. Le député dont vous parlez n’est pas un repris de justice à ce que je sache pour qu’il soit privé du droit de présider une commission parlementaire… Les membres de cette instance  ont voté pour lui parce qu’ils ont vu probablement  en lui l’homme qu’il ne faut pas à la place qu’il faut.

L’homme  qu’il  ne faut pas  cela veut dire qu’il est illégitime pour occuper ce poste?

Je n’ai pas dit cela.  Il se peut que ses amis de la commission ont vu en lui  un épris de justice  qui s’ignore et qu’on ignore et qui a besoin d’un bouclier parlementaire pour se protéger …  

Un épris de justice a-t-il maille à partir avec la justice ?

M. Moubdie est assez grand pour se défendre  lui-même  contre le soupçon et  les procès d’intention  mais je pense qu’il a le droit d’activer tous  les mécanismes d’immunité que lui offre son statut de député  pour se défendre contre toute attaque extérieure pour préserver  sa santé politique avec ses acquis et privilèges.

Mohamed Moubdie est dans ces conditions un bienfaiteur de l’humanité digne de toutes les impunités  ?

Au Maroc, tout est possible. Il ne faut jamais sous-estimer la capacité de rebondissement de nos élus qui sont dotés de multiples ressorts . Prenez mon cas par exemple. J’avais été  épinglé  en 2020 par un rapport de l’IGF sur un marché dont j’ai été accusé d’avoir passé de gré à gré du temps où j’étais  ministre de la Jeunesse et des Sports. Le secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi est allé jusqu’à réclamer une commission d’enquête parlementaire pour passer au peigne fin  le côté fric  et frasques de ma gestion ministérielle… Vous connaissez  la suite ?  il n’y a  pas eu de suite…

Le PAM a rejoint plus tard  la coalition gouvernementale pilotée par le RNI et alors que vous avez été hissé au perchoir pour la deuxième fois, Abdellatif Ouahbi est devenu ministre de la Justice…

Le Maroc politique est un pays extraordinaire, unique au monde qui sait dépasser ses contradictions et les petites affaires de ses responsables pour être à la hauteur des enjeux du moment. il faut de tout pour faire une classe partisane. Se priver du grand  Moubdie pour cause de broutilles c’est faire de la petite politique.

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