Il paraît que vous attendez le remaniement ministériel avec une grande impatience…
Absolument. Mais ce foutu remaniement tarde à venir, ce qui accroît mon angoisse et mon malheur…Je ronge mon frein depuis des mois. Vivement le déchargement !
Vous n’aimez pas la vie de ministre ou quoi ?
J’étais bien là où j’étais, en l’occurrence boss de Marsa Maroc, ex-ODEP. Dans ce poste pas trop exposé, j’étais comme un poison dans l’eau.
Ce n’est pas mon truc le gouvernement qui ne me transporte nullement de joie. Bien au contraire. Je déprime, victime d’une grosse panne d’idées, assailli que je suis de toutes parts. Coincé entre mon entourage qui ne m’inspire pas confiance, les opportunistes du parti qui m’ a été attribué alors que je n’y ai jamais milité avant de devenir ministre, les lobbys du transport qui ne sont jamais satisfaits et les séances permanentes au Parlement. Au secours, je suis écrasé par la charge, au secours, je suis en surcharge !
Mais c’est cela la vie de ministre?
Je n’en veux pas. Pour moi. c’est un sinistre. Surtout que j’ai hérité d’un département stratégique qui me propulse en première ligne en me contraignant à mettre les mains dans le cambouis. Pour un col blanc première classe, je me sens comme englué dans une marée noire.
Je la croyais plus cool et moins accablante, la fonction ministérielle. Franchement, je n’en peux plus d’être harcelé tous les jours dans cette fonction où je me coltine que les problèmes et les convoitises malsaines.
Franchement, cela me tarde de revenir à mon statut antérieur de haut fonctionnaire de l’ombre conforme à mon aspiration de « vivons heureux, vivons cachés ».
A force de crier partout que vous désirez partir, vous risquez d’être maintenu…
Là c’est l’accélération de la dépression garantie. On ne peut pas me retenir contre mon gré surtout que ce ministère à gros problèmes a besoin d’hommes de solutions qui aiment aller à l’abordage.
Êtes-vous satisfait de votre bilan de mi-mandat ?
Mine de rien, j’ai accompli des choses correctes, notamment, la subvention des transporteurs routiers et le lancement récent d’une énième étude sur le transport maritime.
Pour vous y a-t-il vie après la ministrabilité ?
Évidemment. Une fois débarrassé du gouvernement et de l’Istiqlal qui me pompent l’air, je compte pantoufler. J’en rêve tous les jours en me rasant le matin.