Football : Les enfants gâtés de Regragui

Le sectionneur national doit laisser les sentiments de côté pour former une équipe soudée et combative.

La spirale des désillusions prendra peut-être fin lors de la CAN 2025 qui se joue au Maroc. Pourvu que Walid Regragui tourne définitivement la page glorieuse du mondial qatari et que l’on arrête de trop chouchouter les joueurs…

L’événement, ce n’était pas la prestation très moyenne des Lions de l’Atlas face à la Zambie vendredi 7 juin au Grand Stade d’Agadir lors des qualifications pour la Coupe du monde 2026. Ce n’était pas non plus leur victoire très étriquée (2-1) au vu du potentiel de l’équipe mais le coup de sang sur le banc de touche  de Hakim Ziyech et de Youssef En-nesyri immortalisé par les caméras après leur changement par Walid Regragui. Un comportement pour le moins déplacé, qui a choqué plus d’un,  que le coach a tenté de minimiser en conférence  de presse de fin de match :  « Tous les grands joueurs s’énervent lorsqu’ils sont remplacés »,  a-t-il lancé, ajoutant que cela ne lui pose pas de problème dès lors que le respect mutuel ( entre les joueurs et l’entraîneur)  est de mise. C’est moi qui prends les décisions. On avait besoin d’un sang neuf. J’assume d’avoir aligné Ziyech au début, mais quand il fallait le changer, je n’ai pas hésité», a-t-il ajouté, soulignant que «le plus important reste l’équipe nationale (…), le respect du public et du football ». Non, les grands joueurs n’agissent pas de la sorte en laissant exploser leur colère…Ils acceptent d’être remplacés  sans rien laisser transparaître qui puisse heurter les supporters et alimenter la polémique.

 En fait, le coup de sang Ziyech et de son coéquipier dit autre chose, un malaise au sein de l’équipe nationale depuis l’arrivée de nouveaux jeunes  joueurs, notamment le milieu offensif du Real Madrid Brahim Diaz. Ce dernier est devenu la nouvelle star qui semble avoir supplanté le joueur de Galatasaray dans le cœur  du public marocain et même de l’entraîneur  suite à son travail de rajeunissement du groupe pour y insuffler une nouvelle dynamique. Crise de jalousie quand tu nous tiens !  Un conflit dont les médias et les réseaux sociaux  se sont fait  largement l’écho et que l’entraîneur a jugé sans fondement.    

Face à ces rumeurs qui ont du vrai,  Walid Regragui s’est exprimé en conférence de presse à la veille du match amical contre la Mauritanie (score 0-0) qui n’a pas  rassuré sur la performance du Onze national: « Les rumeurs sur le conflit entre Diaz et Ziyech sont fausses. Ziyech est un vrai leader et le capitaine de l’équipe. Il a accueilli Diaz et l’a aidé à s’intégrer dans l’équipe. Les grands joueurs aiment se trouver sur le terrain avec d’autres talents», a-t-il expliqué dans une tentative d’apaisement.

Tourner la page …

Le coach s’est ensuite attardé sur l’importance de l’arrivée des nouveaux renforts et le rôle joué par l’épopée lors du mondial  qatari de 2022 pour convaincre ces jeunes talents : «Certains nous demandent de ne plus revenir sur l’exploit de la Coupe du monde 2022. On le fera quand même, car la demi-finale du Mondial au Qatar nous a permis de décrocher les services de plusieurs bi-nationaux. Notre projet est la Coupe d’Afrique qui sera jouée au Maroc, puis la qualification au prochain Mondial. Ces joueurs sont appelés à aider leur pays pour qu’il puisse remporter un titre. Les familles nous aident beaucoup, car elles aiment leur pays. À nous de fournir les conditions nécessaires à ces joueurs.»

Mais de quelles conditions parle Walid Regragui ? Pour toutes leurs rencontres en amical ou pas, les Lions de l’Atlas  bénéficient de prestations de haute facture  sur tous les plans  (séjour, transport, restauration…) à faire pâlir d’envie leurs adversaires du continent qui n’ont pas la chance de bénéficier de tant d’égards. Bien au contraire… Et c’est derrière cet excès de confort qu’il convient peut-être de chercher les raisons de leur contre-performance  sur  le terrain de jeu. En rajouter dans les commodités peut devenir parfois un handicap.  Un joueur trop chouchouté alors qu’il n’a encore rien montré est-il objectivement placé dans un état d’esprit optimal pour donner le meilleur de lui-même ?  Il faut dire aussi que certains médias  contribuent à cette idéalisation des joueurs trop célébrés comme s’ils étaient de grandes stars avant même qu’ils ne fassent leurs preuves sur le terrain.…C’est ainsi que Ziyech et ses amis vivent sur un nuage. Ils n’ont pas besoin de mouiller  véritablement le maillot pour montrer  ce qu’ils ont dans les pieds.  IIs sont déjà considérés comme des héros dans la presse et traités comme des rois à chacun de leur déplacement. Il ne faut pas confondre le sport et le tourisme.

Est-ce un hasard si le palmarès  africain des Lions de l’Atlas se limite à une seule coupe remportée en 1976 ?  « Le Maroc doit gagner  plusieurs fois le trophée compte tenu de l’étendue des moyens mobilisés par la fédération », explique un ancien joueur qui a  dit sa grosse frustration par rapport à l’élimination du Maroc de la CAN 2023 dès les huitièmes de finale après sa défaite face à l’Afrique du Sud ( 2-0). Pour les demi-finalistes du mondial du Qatar qui ont fait un excellent parcours en battant de grandes équipes européennes, cette contre-performance interroge… La spirale des désillusions prendra peut-être fin lors de la CAN 2025 qui se joue au Maroc.  Pourvu que Walid Regragui tourne définitivement la page glorieuse du mondial qatari et met de côté les sentiments dans le choix des joueurs. C’est ainsi que l’avenir se construit. Dans l’exigence et la fermeté.  

Une défaite à domicile ne serait pas «normale » comme l’a dit  récemment le joueur Soufiane Rahimi. Ce serait très mauvais  pour l’image du foot national, un coup trop dur pour  le moral du public et même pour  la fierté nationale. Croisons les doigts ou plutôt les orteils.

Traduire / Translate