Réélu par l’armée pour un second mandat à l’issue d’un scrutin aux chiffres très fantaisistes qu’il a lui-même contestés, Abdelmadjid Tebboune livre au Canard sa vision d’une « Algérie triomphante ».
Vous avez prêté serment au Palais des nations après votre réélection pour un second mandat le 7 septembre avec un score que vous avez-vous-même contesté…
Effectivement, je suis le premier président élu ou réélu à contester sa propre victoire. C’est une première dans les annales mondiales et je n’en suis pas peu fier… J’innove à chaque fois dans le guignolesque en me surpassant et c’est ce qui fait ma grande farce pardon force. Je sais créer l’événement en me mettant au centre de l’attention mondiale.
Votre score officiel de départ était d’environ 95% avant d’être ramené à 84,3% après la vague de contestation…Le cafouillage sur le chiffres est flagrant. Qu’est ce qui s’est passé au juste ?
Ce qui s’est passé c’est que mes chefs militaires ont décidé de singer les pays véritablement démocratiques en confiant pour la première fois de l’histoire de l’Algérie la supervision des élections présidentielles à une instance indépendante.
Mais indépendante par rapport à qui?
Certainement par rapport au peuple. Mais le chef de cette instance, Abdelaali Hassani Cherif, n’a pas su se montrer indépendant et il s’est amusé à tripatouiller les chiffres de la participation électorale dans un sens qui soit honorable, à la hauteur de la grande Algérie du bidonnage.
Le machin de ce personnage extraordinaire a annoncé un taux de participation d’environ 49% alors qu’il était en réalité en dessous de 10%. Comme ce taux était catastrophique pour l’image déjà désastreuse du pays, il s’est donc avisé de le gonfler…C’est très grave, non ?
Rien n’est grave en Algérie où nous sommes habitués à faire avaler au peuple les couleuvres les plus invraisemblables. L’essentiel c’est que mon maintien au pouvoir contre la volonté du peuple massivement boycotteur a été certifié par la Cour constitutionnelle.
Cela dit, ce Hassani Cherif est un amateur, qui nous a fait passer aux yeux du monde entier pour des incompétents y compris dans le domaine de la fraude électorale. Ma première décision de président mal élu mais maintenu par l’armée est de l’envoyer en stage quelque part pour s’initier à l’art de tripatouiller les chiffres, sans se faire prendre la main dans l’urne.
Dans votre discours d’investiture, vous avez évoqué votre vision de « l’Algérie triomphante », slogan de votre soi-disant campagne électorale… Que signifie ce slogan pour vous ?
L’Algérie triomphante dans l’esbroufe, le statu quo et le délire . Je promets aux Algériens tout ce que les autres pays riches en gaz et pétrole possèdent et qu’ils n’auront jamais. L’Algérie est un pays unique au monde et son président élu par l’armée aussi !