Poursuvi pour terrorisme en Algerie en raison de ses positions pro-marocaines, Boualem Sansal risque la réclusion criminelle à perpétuité, voire la peine de mort.
Jamil Manar
La nouvelle est tombée mardi 26 novembre : Boualem Sansal, écrivain franco-algérien et critique engagé du régime algérien et de ses dérives, a été placé sous mandat de dépôt. L’intellectuel de 75 ans, arrêté le 16 novembre a Alger, est notamment accusé, après son audition par le parquet antiterroriste, d’« atteinte à l’intégrité du territoire national », ce qui selon l’article 87 bis du code pénal, est assimilé à un acte de « terrorisme ». L’article 87 bis, amendé en 2021, a élargi la définition du terrorisme à des comportements perçus comme des menaces politiques ou idéologiques, offrant au pouvoir un outil pour réprimer les opposants.
M. Sansal risque la réclusion criminelle à perpétuité, voire la peine de mort. Son seul crime ? avoir déclaré lors d’une émission en France que le Sahara oriental, contrôlé par l’Algérie, appartient au Maroc et que ce dernier est un vieil État bien enraciné dans l’Histoire. Des vérités considérées comme un acte terroriste et une action subversive par les dirigeants algériens que la haine viscérale du royaume leur fait faire des choses impensables. La folie de la junte militaire n’a pas de limites et dépasse l’entendement.
L’arrestation de Boualem Sansal a suscité des réactions indignées dans les milieux littéraires et politiques, mais les condamnations internationales restent jusqu’ici mesurées. Des voix s’élèvent pour dénoncer une tentative d’intimidation et un acharnement contre la liberté d’expression. Dans un contexte où les tensions politiques en Algérie ne cessent de croître, ce nouveau dossier judiciaire symbolise la folie furieuse d’un régime qui a perdu le moindre sens de la raison.
Le sort de Boualem Sansal est désormais suspendu à une justice aux ordres, instrumentalisée par un régime corrompu et suicidaire et à une solidarité internationale encore hésitante.
Boualem Sansal a toujours vécu à Boumerdès, à 45 kilomètres à l’est d’Alger où il se croyait à tort en sécurité. Il a obtenu la nationalité française au printemps de cette année. Ce qui ne peut qu’aggraver son cas aux yeux de ses bourreaux en guerre diplomatique ouverte avec Paris depuis sa reconnaissance de la marocanité du Sahara en juillet 2024.