Combats à Soueida : Les dessous des hostilités entre druzes et bédouins 

Les violences dans cette province ont fait plus de 1 260 morts.

Les autorités syriennes évacuent lundi des familles de bédouins de la ville à majorité druze de Soueida (sud), à la faveur d’un cessez-le-feu qui a mis fin à des affrontements sanglants entre les deux communautés.

Laila Lamrani

L’annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël qui dit vouloir protéger les druzes, une minorité implantée aussi en Palestine occupée. Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province – mais pas dans la ville même de Soueïda – ce que refusait jusqu’alors Israël. La province de Sweida était en proie depuis le 13 juillet aux affrontements entre la communauté druze et des factions de bédouins extrémistes. Le colonisateur sioniste, qui a poussé l’arrogance jusqu’ à bombarder le 16 juillet le palais présidentiel et le ministère de la Défense à Damas, s’érige en protecteur de la minorité druze, en intensifiant la pression sur la Syrie et sa présence dans le plateau du Golan.

Les violences dans cette province ont fait plus de 1 260 morts avant l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu dimanche, selon un nouveau bilan publié lundi par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les affrontements la semaine dernière entre communauté druze, bédouine et les forces de sécurité affiliée au régime dans le sud de la Syrie témoignent des difficultés du régime d’Ahmed Al-Charaa à maintenir la cohésion dans le pays. Au cœur de cette mosaïque confessionnelle, le régime peine à maintenir l’unité nationale.

Les Druzes forment une minorité religieuse issue de l’ismaélisme chiite, née au XIe siècle en Egypte. Fermée à la conversion, la communauté compte environ un million de fidèles, principalement répartis entre la Syrie, le Liban et Israël. En Syrie, ils représentent environ 3% de la population et vivent essentiellement dans le sud du pays, dans le gouvernorat de Soueida. Historiquement, les Druzes ont cherché à maintenir une certaine autonomie vis-à-vis du pouvoir central. Durant la guerre civile (2011–2024), ils ont souvent adopté une posture prudente, combinant neutralité et auto-défense par des milices locales positionnées dans le sud du pays.

Depuis la chute de Bachar al-Assad au mois de décembre 2024, les Druzes se sont opposés aux tentatives du nouveau gouvernement dirigé par l’ex-djihadiste Ahmad al-Chareh d’imposer son autorité sur le sud du pays. Certaines factions se disaient prêtes à un dialogue mais d’autres rejetaient purement et simplement une présence militaire du nouvel Etat, préférant continuer à s’appuyer sur des milices locales et refusant de s’intégrer dans l’armée syrienne. Certains observateurs voient dans ces affrontements la main des sionistes de Tel Aviv qui cherchent à faire du Sud de la Syrie une zone démilitarisée qui leur soit acquise et par conséquent sans menace potentielle pour le colonisateur sioniste.

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