Ballon d’Or : La douche froide après la fièvre des hashtags

Les Marocains rêvaient de ce sacre mais…

C’était dans l’air – ou plutôt dans les fils X/Twitter. Pendant plusieurs semaines, une marée rouge et verte a envahi les réseaux sociaux : le Maroc se voyait déjà soulever le Ballon d’or par l’intermédiaire d’Achraf Hakimi. De Casablanca à Tanger en passant par Agadir et Dakhla, on parlait de « destin » comme on parle d’un but déjà inscrit, persuadé que le latéral parisien allait bousculer l’histoire.Cet emballement médiatique sans précédent a même accouché de photomontages de Achraf arborant le ballon d’or qui ont envahi les réseaux sociaux. Sur les réseaux, la ferveur a pris des allures de croisade nationale. Hashtags en étendard, montages photos léchés, appels vibrants à la « solidarité africaine » : tout y est passé. Le grand jeu patriotique en prévision du lundi 22 septembre, jour d’attribution du trophée tant convoité à Paris. Certains militants numériques enjoignaient même la presse du continent : « Soutenez notre Achraf! » – comme si le Ballon d’or se décidait au concours de retweets.

Mais la FIFA, vieille dame jalouse de ses propres règles du jeu, a rappelé un détail que l’euphorie avait balayé : les défenseurs sont rarement invités au bal doré. Depuis Cannavaro en 2006, le trophée préfère les buteurs aux stoppeurs. Or, le grand Hakimi national a beau avoir les jambes d’un sprinteur et le pied droit d’un horloger, il n’empile ni triplés ni statistiques affolantes. Face à des monstres de chiffres – buteurs à deux chiffres et passeurs compulsifs – le latéral parisien a fini… sixième. Une place d’honneur, mais pas de quoi pavoiser sur l’avenue Mohammed V. Dans les cafés de Casablanca, les récriminations ont repris de plus belle: « Complot ! », « Racisme anti-défenseurs ! », « L’Europe nous jalouse !». Le chagrin s’est mué en théorie du grand complot footballistique. On a même entendu, dans un soupir dramatique, que «l’Afrique toute entière aurait dû voter pour son fils ». Mais le vainqueur, Ousmane Dembélé, attaquant du PSG, est aussi un enfant prodige du continent… Reste que derrière l’éclat d’un hashtag et le chahut patriotique, la réalité est plus terre-à-terre : le Ballon d’or aime les feux d’artifice, pas les plaquages glissés. Le talentueux Hakimi, lui, repart avec une sixième place qui ferait pâlir d’envie 99 % des footballeurs de la planète.

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