Notation souveraine : Le Maroc réintègre le « club sélect » des économies attractives

Le reclassement du Royaume ouvre des perspectives tangibles.

L’annonce faite récemment par Standard & Poor’s de relever la note souveraine du Maroc à BBB-/A-3 et de replacer le pays dans la catégorie investment grade dépasse la simple reconnaissance d’une amélioration conjoncturelle. Elle s’inscrit dans un moment particulier : celui d’une économie mondiale marquée par les tensions commerciales et l’incertitude des chaînes d’approvisionnement. Dans ce contexte, la décision de l’agence américaine agit comme un signal de confiance, rare et précieux, alors que nombre d’économies, y compris développées, subissent plutôt des dégradations. Le reclassement du Royaume ouvre des perspectives tangibles. 

D’abord financières : l’accès aux marchés internationaux à des taux plus favorables devrait contribuer à réduire le coût du service de la dette publique et offrir une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire. Ensuite, en matière de perception : la mention investment grade confère au Maroc une visibilité accrue auprès des investisseurs institutionnels, souvent contraints par leurs propres règles de ne pas investir dans des pays classés en dehors de cette catégorie. Au-delà du symbole, la décision de Standard & Poor’s repose sur des fondamentaux. L’agence estime que la croissance du PIB réel avoisinera 4 % en moyenne entre 2025 et 2028, un rythme soutenu dans un environnement international volatil. 

Cette performance s’appuie sur une politique économique jugée cohérente : contrôle progressif des déficits (avec une cible à 3 % du PIB dès 2026), maintien d’un déficit courant maîtrisé (2,1 % en moyenne sur la période), et poursuite des réformes structurelles. Le rapport met aussi en avant la diversification progressive de l’économie marocaine, un enjeu central pour réduire la dépendance aux chocs agricoles et aux fluctuations du commerce mondial. Les efforts engagés dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des infrastructures apparaissent comme autant de garde-fous contre la vulnérabilité externe. Enfin, replacée dans une perspective plus large, cette deuxième révision positive consécutive – après celle de mars 2024 – consacre une dynamique de crédibilité accumulée. Elle renforce la position du Maroc comme une économie émergente stable, capable d’attirer durablement les investissements directs étrangers et de consolider sa souveraineté financière. Dans un monde où la notation souveraine devient autant un outil de lecture qu’un instrument de pression, le Maroc gagne ainsi non seulement en attractivité, mais aussi en rareté: peu de pays, ces derniers mois, peuvent se prévaloir d’une trajectoire ascendante dans le regard des agences de notation.

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