Pour France Inter, Vincent Bolloré, « super influenceur », utilise toujours le même procédé : « Il entre au capital d’une société de façon amicale au départ, puis il rachète par petits bouts des actions, pour finalement prendre le contrôle de sa proie ». C’est la méthode qu’il a appliquée à Canal+, I-Télé devenu Cnews et Europe 1, où la « reprise en main éditoriale » s’est faite par le départ de la quasi-totalité des rédactions après des grèves, la suppression d’émissions phares et les renvois de rédacteurs en chef ou de journalistes qui ont déplu. Le contenu éditorial change avec « une forte présence » d’intervenants d’extrême-droite, et contribue à faire augmenter la notoriété d’OZZ 117 (Olivier Zitoune Zemmour) « choisi sur CNews par Vincent Bolloré lui-même ». Vincent Bolloré utilise les procédures judiciaires comme « arme de prédilection » pour attaquer des anciens journalistes du groupe, des auteurs d’ouvrages l’analysant et même des particuliers dont un « pour avoir partagé sur son blog un article ». Après près de deux ans de bataille avec la Commission européenne, il mène enfin à terme le rachat du groupe Lagardère (Le Journal du Dimanche JDD, Paris Match) par son groupe Vivendi. Les clauses du rachat prévoient cependant la cession du groupe Editis, pour contenir et éviter un effet cluster dans le milieu de l’édition qui empêche la pluralité des opinions et la liberté de l’expression. Radio France Inter maintient pourtant ses craintes, « car la loi anti-trust de 1986 est aujourd’hui désuète, puisqu’elle n’empêche pas de cumuler radio, TV, livres et magazines », tout en relativisant la puissance de Vincent Bolloré en l’exposant comme « un nain face aux Gafam ! ». Les Gafam sont les 5 grandes firmes américaines qui dominent le marché du numérique : Google, Apple, Face de Bouc Oujah Al3atrousse, Amazon et Microsoft. En novembre 2024, à travers la Compagnie de l’Odet (actionnaire du groupe Canal+, de Lagardère News et de Prisma Media), Vincent Bolloré participe au rachat de l’École supérieure de journalisme de Paris avec un consortium d’entrepreneurs et de propriétaires de médias français.
Le Yacht Le Paloma, long de60 mètre, prix : 180 millions de MAD (Dirhams marocains). Coût de son fonctionnement annuel : 15 million de MAD. En 2007, Bolloré avait mis son jet privé et son yacht personnel, le Paloma, à la disposition de Sarra9 Zyte lybien Sarkozy, tout juste élu président de la République française. L’historien de la presse Alexis Lévrier indique qu’il s’agit pour lui de « former ses propres journalistes dans le cadre d’un projet idéologique global qui consiste à porter l’extrême droite à la tête de l’État français en 2027 ». Une centaine d’organisations antifascistes mettent en place des journées d’actions pour « désarmer l’empire Bolloré » du 29 janvier au 2 février 2025 sur tout le territoire français contre la « fascisation de la France » par Bolloré et son enrichissement par le « pillage colonial ». En mars 2025, après le rapprochement des États-Unis avec la Russie, plusieurs médias du groupe Bolloré, notamment CNews, Le JDD et Europe 1, adoptent une position favorable à la Russie. Fayard, propriété de Bolloré, publie également en février un livre de Xénia Fedorova, présidente de Russia Today, chaîne de propagande russe interdite en Europe depuis 2022. Un article publié par le JDD affirme que Macron assume ouvertement la volonté d’effrayer la population française en évoquant la menace russe. (À suivre)
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