Ils ont moins de vingt ans, du talent à revendre, de la personnalité et des tripes. Les Lions de l’Atlas U20 viennent d’offrir au Maroc un sacre mondial en battant en finale l’Argentine, les favoris de la compétition chilienne. Ce sacre inestimable a créé cette magie rare où, l’espace d’un instant, plus de 40 millions de cœurs ont battu à l’unisson. Dans les rues de Casablanca et Marrakech comme dans les villages les plus reculés de l’Atlas, une même vague de joie, pure et puissante, a déferlé, balayant d’un seul élan les tracas du quotidien.
Cette nuit de dimanche du 19 au lundi 20 octobre 2025 restera gravée dans la mémoire collective. Tandis que la plupart des pays tombaient dans les bras de Morphée, le Maroc, lui, vivait les yeux grands ouverts, scotché aux écrans. Minuit, une heure, deux heures du matin… Aucune importance puisque les Lionceaux ont transformé une simple nuit d’attente en une veillée triomphale. Les cernes du lendemain ont mué en signes de fierté, les bâillements étouffés en cris de joie qui ont résonné jusqu’aux premières lueurs de l’aube.
Qu’il est beau le Maroc qui gagne, joue collectif et donne du bonheur !
Tout au long de cette coupe du monde palpitante, les lionceaux de l’Atlas ont incarné justement ce Maroc qui gagne et sans complexe, débordant d’une confiance juvénile admirable. Quand ils ont le ballon, les poulains de l’excellent Ouahbi ne tremblent pas. Ils sont sûrs d’eux-mêmes. Face à l’adversaire, ils ne reculent pas, ils attaquent. Ils ne marquent pas contre leur camp non plus. Ils visent juste.
Quel contraste saisissant, presque cruel, avec l’autre terrain, celui de la gouvernance politique, qui dans l’imaginaire populaire symbolise le Maroc qui marque contre son camp avec une efficacité désarmante !
Ce Maroc-là ne marque pas de buts; il démoralise la nation, plombe le pays en jouant souvent les spectateurs . Et quand il se décide enfin à agir, c’est pour se lancer, à grands renforts de budgets, dans l’improvisation avec des réformes inabouties, des décisions incohérentes et des mesures qui, trop souvent, assomment ceux qu’elles sont censées servir.
Quel contraste saisissant, presque cruel, avec l’autre terrain, celui de la gouvernance politique, qui dans l’imaginaire populaire symbolise le Maroc qui marque contre son camp avec une efficacité désarmante!
Le parcours exemplaire des coéquipiers de Zabiri au Chili est un miroir tendu vers la nation. D’un côté, l’éclatant visage de ce que le Maroc peut accomplir quand il investit dans sa jeunesse. De l’autre, l’ombre de ce qu’il risque de devenir si les gouvernants ne font pas grand-chose pour marquer des buts contre l’école qui n’éduque pas, les hôpitaux qui ne soignent pas, l’environnement qui n’epanouit pas et les maux qui génèrent la précarité et le désespoir…
La Gen Z nationale du football est le fruit d’un investissement, d’une passion cultivée et d’un coaching performant. Mais aussi d’une vision royale, qui a produit l’académie Mohammed VI pour le football : plus qu’un simple centre d’entraînement, c’est le laboratoire où s’est forgée une bonne partie de cette génération dorée. Bien plus qu’un titre, ce triomphe est la preuve éclatante qu’avec une vision claire, des moyens adaptés et un accompagnement efficace, le Maroc peut faire des merveilles. Le « Maroc qui gagne » montre la voie : l’audace, l’esprit de groupe, un jeu percutant et la confiance en ses atouts. Le plan U 20 a fonctionné sur le terrain du football. Il ne reste plus qu’à l’appliquer sur tous les autres terrains du développement national. L’épopée des U20 serait encore plus belle si elle déclenche ce déclic qui réveillerait enfin l’autre équipe, celle qui dirige le pays. Pour qu’elle cesse de marquer contre son camp et se mette, enfin, à jouer pour gagner.