Dix ans après son lancement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Nouveau Modèle de Développement des Provinces du Sud (NMDPS) est devenu réalité avec l’émergence des projets structurants conçus pour faire de la région un pôle économique de premier plan.
Laila Lamrani
Ce programme d’aménagement et d’investissement, doté de près de 88 milliards de dirhams, vise à transformer les régions de Dakhla-Oued Eddahab, Laâyoune-Sakia El Hamra et Guelmim-Oued Noun en pôles intégrés de croissance, de stabilité et d’ouverture africaine. Conçu en 2015 comme un levier de développement équilibré et durable et lancé en février 2026 par le souverain, le NMDPS repose sur une approche à deux étapes : une première phase (2015-2025) destinée à enclencher la dynamique économique et sociale, puis une deuxième à long terme pour consolider les acquis. L’ambition est claire : doubler le PIB régional, créer plus de 120 000 emplois et réduire de moitié le chômage. Quatre piliers structurent cette feuille de route : la croissance économique, l’inclusion sociale, la bonne gouvernance et la durabilité. L’objectif étant de faire des provinces du Sud une vitrine du développement territorial marocain et un carrefour économique vers l’Afrique de l’Ouest.
Chantiers structurants
Dès les premières années, les investissements ont afflué : extension du port de Boujdour, zone industrielle de Laâyoune, unités de dessalement, et surtout la voie express Tiznit-Dakhla, longue de 1 000 km, véritable colonne vertébrale de l’intégration nationale. À Dakhla et Boujdour, des pôles halieutiques et agricoles modernisent la filière. À Boucraa, l’industrie des phosphates se renforce, tandis qu’un tourisme durable se développe autour des littoraux sahariens.
Entre 2016 et 2019, plus de 70 % des chantiers programmés avaient démarré, avec un taux d’engagement budgétaire supérieur à 50 %. Même la pandémie de 2020 n’a pas freiné cette dynamique : dès 2021, 267 nouveaux projets ont été lancés pour un budget de 33 milliards de dirhams, dont le port atlantique de Dakhla et de nouveaux parcs éoliens et solaires. Les chiffres sont parlants : les régions du Sud affichent désormais une croissance supérieure à la moyenne nationale — 10,9 % à Laâyoune-Sakia El Hamra et 10,5 % à Dakhla-Oued Eddahab en 2021 — avec un PIB par habitant atteignant 52 301 DH à Dakhla.
Gouvernance régionale
Au-delà des infrastructures, le modèle renforce la gouvernance régionale. À Guelmim-Oued Noun, plus de 140 projets sont intégrés dans le contrat État-Région et le Programme de développement 2022-2027 : hôpital provincial, barrage de Fask, zones d’activité économique, électrification rurale. La régionalisation avancée devient réalité : les élus locaux participent désormais au pilotage, et les projets d’eau, d’énergie et d’agriculture s’adaptent mieux aux besoins du territoire et de la population. Mais des disparités demeurent : le Policy Center souligne des écarts de rythme entre provinces, notamment dans l’absorption des fonds et la diversification économique. Certaines filières (halieutique, phosphates) tirent la croissance, quand d’autres peinent à décoller. L’enjeu pour la décennie 2025-2035 sera d’élargir la base productive et de renforcer les chaînes de valeur locales.
Une résilience saluée à l’international
Le budget initial de 77 milliards de dirhams (porté à 87,55 milliards) vise à financer 654 projets, dont plus de la moitié sont achevés. Le modèle a été salué lors de la 4e Commission de l’ONU en 2025 comme un exemple d’intégration citoyenne et de pilotage régional. Les provinces du Sud apparaissent désormais comme une plateforme stratégique pour la coopération Sud-Sud, alliant sécurité, développement et durabilité. Reste à consolider la gouvernance participative, à accélérer la diversification économique et à évaluer davantage les retombées sociales. Mais une chose est sûre : le Maroc a su transformer un espace longtemps perçu comme périphérique en laboratoire national du développement intégré, où croissance et stabilité, nourrie a une et vision royale perspicace, produisent de la richesse et du sens géopolitique.
Provinces du Sud Quand le Roi Mohammed VI décrète la fin de l’économie de rente…
En visite en novembre 2015 dans les provinces du sud, le Roi Mohammed VI annonce depuis Laâyoune de nouveaux moyens pour réaliser de « grands chantiers » et des « projets sociaux ». Le Roi Mohammed VI a appelé à la fin de « l’économie de rente » afin de favoriser le développement du Sahara, à l’occasion du 40e anniversaire de la « Marche verte ».
« Aujourd’hui, après quarante années (…), nous voulons opérer une véritable rupture avec les méthodes adoptées dans la prise en charge des affaires du Sahara : rupture avec l’économie de rente et des privilèges », a-t-il affirmé dans un discours prononcé vendredi 6 novembre de Laâyoune. « Nous tenons à ce que les fils de nos provinces du sud disposent des moyens nécessaires pour gérer leurs propres affaires et montrer leur capacité à assurer le développement de la région », a fait savoir le souverain. Et d’annoncer la mobilisation de « tous les moyens disponibles pour la réalisation de grands chantiers et de projets sociaux », évoquant la construction d’une « voie express » de près d’un millier de km entre Tiznit (sud-ouest du Maroc) et Dakhla, ou encore d’une usine de dessalement.
Ce discours fait écho au plan de développement élaboré en 2013 par le Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui prévoit de mobiliser sur 10 ans plusieurs dizaines de milliards de DH, en favorisant l’investissement privé. Il s’inscrit également dans le projet du plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 et adopté, au prix d’une action diplomatique soutenue, par le Conseil de sécurité fin octobre 2025.








