L’hymne de la Marche Verte et de l’unité nationale
Plus qu’un chant patriotique, Nidae Al Hassan est devenu la voix d’un Maroc en marche. Écrite dans l’urgence et la ferveur au lendemain du discours royal du 5 novembre 1975, la chanson de Feu Fathallah Lamghari incarne encore, un demi-siècle plus tard, l’esprit d’unité et de foi qui porta la Marche Verte. En octobre 1975, l’histoire s’accélère. Le Maroc s’apprête à écrire l’une de ses plus grandes épopées pacifiques : la Marche Verte. Dans cette séquence historique , où la ferveur gagne le pays tout entier, des artistes se rassemblent à Rabat autour d’une idée simple — donner une voix à la nation. Feu Fathallah Lamghari, poète et compositeur habité par le souffle du moment, couche les mots en un quart d’heure. Il parlera plus tard d’une écriture «comme une prière». La mélodie, confiée à Abdallah Al Issami, naît presque dans le même élan. Très vite, les studios de la RTM deviennent le lieu où convergent Mahmoud El Idrissi, Bahija Idriss, Abdelhadi Belkhayat et bien d’autres. Tous répondent présents à l’appel de la patrie. En moins de vingt-quatre heures, Nidae Al Hassan est enregistrée, mixée, diffusée. À la radio, la chanson résonne comme un appel du cœur. Partout, on la fredonne, on la reprend. Dans les foyers, les écoles, les cafés, les foules entonnent ce refrain fort qui parle de fidélité, de courage et d’unité. L’art vient d’accomplir ce dont les discours les plus éloquents sont parfois incapables : unir un peuple dans une même émotion.
Le souffle de la Marche Verte
Si la Marche fut d’abord un acte politique, elle fut aussi une aventure humaine, spirituelle et artistique. Les images de centaines de milliers de volontaires avançant, Coran et drapeau national à la main, furent accompagnées de ce chant devenu emblème. Nidae Al Hassan n’était pas une simple chanson patriotique : c’était le pouls d’une nation en mouvement, une onde musicale reliant les dunes du Sud aux ruelles du Nord. Aujourd’hui encore, cette chanson continue de toucher tous les Marocains . C’est que le morceau dépasse la circonstance, transcende la conjoncture : il incarne la foi d’un peuple, sa loyauté au Trône et son attachement viscéral à la terre. Le Sahara n’est pas seulement un bout de territoire, c’est un amour puissant qui fait battre le cœur de chaque marocain.
Héritage d’une émotion intacte
Presque cinquante ans plus tard, Nidae Al Hassan reste un repère majeur dans la mémoire collective. Ses premières notes suffisent à faire renaître le souffle de 1975, ce moment où les artistes, les citoyens et les institutions parlaient d’une seule voix. Chaque année, lors des commémorations de la Marche Verte, elle s’élève comme un d’identité. Dans les écoles, les cérémonies et les stades, enfants et adultes reprennent ensemble ce chant patriotique immortel. Et chaque fois, l’émotion est la même : celle d’un pays qui se souvient qu’il a marché non pour conquérir une terre-elle lui appartient-, mais pour la récupérer après le retrait des forces espagnoles dans la sérénité, la paix et la ferveur. Sans tirer la moindre balle. Nidae Al Hassan n’est donc pas qu’un hymne de l’histoire — c’est un patrimoine vivant. La preuve qu’une chanson, née dans l’urgence d’un moment historique, peut devenir pour toujours le cœur battant d’une nation.








