Il voulait être juge et le voilà mal parti…

Mohamed Moubdie.

En délicatesse avec la justice sur sa gestion passée de la commune de Fkih Ben Salah, le député MP réussit la prouesse de se faire élire président  de la  Commission de la justice et de la législation.

Mais mal en a pris au héros de cette séquence qui a mis en colère plus d’un. Car Mohamed Moubdie, dont la démarche soutenue par son parti a scandaleusement  mis en colère plus d’un, n’a fait que précipiter la réouverture de son dossier qui était en hibernation depuis plusieurs années en relation avec sa gestion passée de la commune de Fkih Ben Salah. Après avoir séché les deux premières citations à comparaître au motif qu’il était malade, il sera cueilli le mercredi  26 avril de son domicile à Rabat par une groupe de policiers qui l’ont embarqué  au siège de la BNPJ à Casablanca. Après avoir été interrogé de nouveau  sur les faits délictueux qui lui sont reprochés , le député controversé du MP, qui a annoncé  dans la foulée sa démission de la présidence de la commission parlementaire, a été aussitôt déféré devant le procureur général du Roi près la Cour d’appel qui a ordonné sa mise sous mandat de dépôt à la prison de Oukacha en compagnie d’une brochette de co-accusés essentiellement des hommes d’affaires. En guise de solidarité avec  son membre , le Mouvement Populaire s’est fendu d’un communiqué  pour le moins troublant où son patron Mohamed Ouzzine  explique que M. Moubdie avait le droit de convoiter  la présidence de la Commission de la Justice et de la Législation et de présider  même à ses destinées en arguant du fait  qu’il est innocent jusqu’à preuve du contraire. Soit. Mais le gendre de Halima Assali  semble  oublier que l’éthique  politique commanderait  à son ami de se garder de prendre la tête d’une instance aussi sensible et stratégique. Le voilà, face à la mise en branle de la machine judiciaire, contraint d’en démissionner, toute honte bue,  moins de 10 jours après son élection très mal accueillie intervenue le 17 avril. Obnubilé par le désir de se soustraire à la reddition des comptes, il sautera à pieds joints sur l’occasion

a profité de l’invalidation de l’élection de son collègue du parti Mohamed Fadili par la Cour constitutionnelle pour se porter candidat à sa succession le 17 avril dernier. Ceux qui ont voté pour lui sont de vrais copains qui n’ont pas hésité à voler au secours  de celui qui était prêt à toutes les combines, voire les compromissions pour échapper aux poursuites judiciaires. Mais la joie de l’élu indélicat n’aura été que de courte durée puisqu’il a été de nouveau convoqué dans la foulée du scandale suscité par son élection fantastique par la BNPJ qui l’a déjà  auditionné à plusieurs reprises en 2020. Cela fait trois ans que le dossier  de Mohamed Moubdie fait du surplace alors qu’il a été transmis il y a plusieurs années au parquet général par le procureur général près la Cour des comptes avec celui du dirigeant istiqlalien et ancien président déchu de la commune d’El Harhoura, Faouzi Ben Allal. Vous avez dit célérité de la justice ? L’enlisement de la procédure était une épée de Damoclès sur sa tête qui l’empêche de dormir et de mener une vie normale. En cause  sa gestion passée de la commune de sa ville natale de Fkih Ben Saleh dont il était président entre 2003 et 2015. Les faits qui lui sont reprochés revêtent un caractère délictuel et sont susceptibles de lui valoir des poursuites au pénal.

Le premier interrogatoire qu’il subira fait suite à un rapport de la Cour des comptes  rendu public le 6 janvier 2020 sur les irrégularités ayant entaché l’attribution d’un certain nombre de marchés publics et confirmées plus tard par une mission d’inspection diligentée par le ministère de l’Intérieur. La machine judiciaire s’est mise aussitôt en branle après la plainte déposée par l’Association marocaine de protection des biens publics auprès du procureur du roi près la cour d’appel de Casablanca qui a transmis à son tour le dossier au parquet général. C’est que les manquements relevés ont été jugés suffisamment graves pour déclencher une action en justice. Les marchés sujets à caution, qui dégagent des relents de népotisme et de surfacturation, portent essentiellement sur des  programmes de mise à niveau urbaine (réfection des boulevards et rues, éclairage public, places publiques, ramassage des ordures ménagères, lotissements de mobilisés des budgets assez substantiels…) En passant au peigne un certain nombre d’appels d’offres lancés entre 2003 et 2015, les inspecteurs ont  relevé parmi ces derniers un nombre anormalement élevé de marchés annulés ou déclarés infructueux sans raisons valables.

Banc des accusés

Plus grave, la ville de Fkih Ben Saleh est aux prises avec une foultitude de dysfonctionnements dans les domaines vitaux du transport urbain et des infrastructures malgré l’importance des ressources allouées pour sa mise à niveau urbaine.Visiblement, le président indélicat a profité de l’argent public pour se livrer à une série de malversations que les enquêteurs ont pointées et pour lesquelles il doit répondre devant la justice. Et dire que Mohamed Moubdie, un transfuge du PND, était ministre de la Réforme administrative lorsqu’il était ministre chargé entre autres de la moralisation de la vie publique et de la lutte contre la corruption ! Ceux qui le connaissent n’ont pas été étonnés de le voir rattrapé par son passé d’édile communal. Pour s’offrir une immunité qu’il croyait éternelle, il a mobilisé tous les moyens pour devenir ministre. Reste à savoir à quel prix ! L’intéressé n’a pas obtenu son baccalauréat mais lui s’en moque, prétendant disposer d’un diplôme  décroché en France avec mention « très bien».

Il faut dire que l’homme, qui a un côté rusé, est notoirement casserolé puisque son nom était régulièrement cité alors qu’il était encore ministre dans de supposées magouilles locales. Une Marocaine vivant à l’étranger, du nom de Mina Nader, avait accusé l’ex-ministre d’avoir acheté sur la base de faux documents une station-service à Fkih Ben Saleh appartenant à des héritiers pour un montant de 30 millions de DH. « Pour ma part, je n’ai jamais approuvé cette vente, encore moins signé l’acte de cession », s’était-elle écriée. Balivernes, rétorquera le mis en cause qui s’était posé en victime d’un complot ourdi par ses adversaires politiques locaux, arguant que les contrats en sa possession sont authentiques. Alors que cette affaire pour le moins surprenante n’a pas encore été tirée au clair par la justice qu’il sera de nouveau la star d’un  centre d’un autre scandale en rapport avec la 12ème édition du festival «Mille et Un Chevaux» organisée du 8 au 12 avril 2014 par la municipalité de Fkih Ben Salah. Plusieurs figures de la chanson populaire marocaine comme le groupe Fnaïre, Hajib et quelques troupes folkloriques qui ont participé à l’animation de cet événement ont eu la mauvaise surprise de leur vie : les chèques qui leur ont été remis par l’association organisatrice du festival, en guise de paiement de leurs prestations, étaient en bois ! Scandale. Et c’est le grand Moubdie qui sera de nouveau mis au banc des accusés puisqu’il s’était chargé lui-même de la négociation du montant des cachets avec les artistes. Abonné aux pages faits divers politiques, l’ex-ministre MP n’en a cure, se contentant de hausser les épaules en accusant à chaque fois ses détracteurs d’être à l’origine de ces «fausses» révélations le concernant.

Une série de documents troublants avaient fait le tour de la Toile qui montrent une nouvelle compétence du personnage: promoteur immobilier qui achète et revend des terrains à Fkih Ben Saleh dans une parfaite prise illégale d’intérêt et de délit d’initié. Devant cette cascade d’affaires très peu flatteuses pour sa réputation qui ont éclaté alors qu’il officiait au gouvernement, il est resté de marbre.Sacré Moubdie. Ses exploits ne s’arrêtent pas là qu’il est fortement soupçonné d’avoir exercé au-delà des frontières nationales, en France précisément via son fils aîné. Celui-ci a été mis en cause dans une sombre histoire d’achat pour la bagatelle de 3 millions de DH d’un appartement haut standing de 184 m2 dans un quartier huppé de la ville de Nancy. Ce qui est troublant dans cette histoire c’est que la transaction immobilière a été conclue en 2013 alors que le fils Moubdie venait à peine de terminer ses études et que son père était toujours membre du gouvernement. Un achat en béton. Au nom du père ?

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