Dans une séance pathétique au goût de revanche historique et de théâtre politique téléguidé, le Parlement algérien a voté mercredi 24 décembre à l’unanimité une loi… contre un fantôme : la colonisation française. Debout, fiers comme s’ils venaient de libérer le pays pour la deuxième fois, les députés ont applaudi à tout rompre un texte criminalisant un passé vieux de plus de 60 ans. Écharpe tricolore (algérienne) autour du cou, posture grave, émotion surjouée – tout y était.
Objectif affiché ? Faire reconnaître à l’État français « la responsabilité juridique » de ses méfaits entre 1830 et 1962. Oui, la loi veut forcer Paris à s’excuser. Encore. Officiellement. Sincèrement. Et avec la bonne tonalité, s’il vous plaît. Sinon, pas de réconciliation mémorielle. Ni d’apaisement avec la perfide France!
Avec ses 27 articles dignes d’un manuel d’uchronie patriotique, la loi entend aussi « protéger le récit national ». Comprendre : verrouiller la version officielle, éviter toute nuance historique, et continuer à faire du passé une rente politique intarissable dont le rôle est de continuer à masquer les turpitudes d’un régime déboussolé.
L’article 9 promet même de mobiliser « tous les moyens judiciaires et légaux » pour arracher les fameuses excuses. La diplomatie version marteau-piqueur. En Algérie, le passé colonial français n’est pas un chapitre d’histoire, c’est une politique d’Etat.
Pendant que le monde regarde vers l’avenir, les caporaux d’Alger, eux, rembobine en boucle le film de l’indépendance. Les archives ? Très peu pour eux. Le présent ? Inconfortable. Le futur ? Inquiétant. Alors on convoque encore et toujours un passé supposé grandiose , glorifier le pays « 1 million et demi de martyrs ». Celui de 1962, quand la France partait et que l’espoir restait… avant de s’éroder.
Car derrière cette gesticulation parlementaire, un air de diversion flotte. Le peuple gronde, l’économie patine, les jeunes rêvent d’ailleurs et les libertés sont en berne. Alors on brandit l’épouvantail colonial comme d’autres agitent un chiffon rouge, espérant rallier la rue avec des coupelet usé d’un autre âge.








