La recette du gouvernement

Les retraites, un dossier sensible et explosif…

La proposition de l’exécutif de relever l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans n’est pas du goût des syndicats. L’UMT a déjà annoncé la couleur. Un énième échec en perspective ?

La patate chaude que plusieurs gouvernements se sont refilés depuis près de deux décennies a pour nom la réforme des retraites.  Et pourtant,  tous les acteurs, exécutif et syndicats, étaient conscients que le régime des retraites du secteur public allait droit au mur. Mais le dossier est resté en suspens, gagnant en complexité d’année en année,  en raison notamment de l’opposition des syndicats qui trouvaient que les propositions gouvernementales étaient insuffisantes ou injustes. La réforme des régimes de retraite proposée en 2014  par le gouvernement Benkirane n’a pas abouti. Ses concepteurs proposaient de  relever l’âge de départ à la retraite à 62 ans dès 2015, et progressivement à 65 à partir de 2016. Le taux de cotisation du salaire de base, à 20% à l’époque, pourrait passer à 28%.  Les syndicats ont dit niet. Aujourd’hui, le Maroc n’a plus le luxe d’attendre car le dossier devient explosif. C’est pour cela que le gouvernement Akhannouch a entamé dans ce sens une série de réunions. La première a eu lieu  mercredi 5 octobre, pilotée par la ministre de l’Économie et des Finances, avec les acteurs concernés pour arriver à un compromis sur cette question à la fois épineuse et sensible avec une feuille de route claire et précise qui court jusqu’à  avril 2023.  Avec comme objectif de mettre la réforme en œuvre à partir de mai de la même année.

Le système des retraites national pâtit d’une foultitude de dysfonctionnements. En plus des disparités des régimes et la faiblesse de sa couverture (plus 47% de la population active n’est pas protégée contre le risque vieillesse),  la plupart des caisses sont déficitaires et vivent sous la menace de la faillite à terme. La situation est très critique pour la CMR qui a cumulé un déficit  de près de 8 milliards de DH et ses réserves seront épuisées en 2028.  Souffrant d’un « déséquilibre atténué aujourd’hui par l’iniquité du régime et par la dynamique favorable de son moteur démographique », la CNSS, elle,  s’en sort mieux, dotée d’une capacité de servir les pensions de retraite jusqu’à  2038 tandis que les réserves du  RCAR, avec  un déficit technique de l’ordre de 3,3 milliards de DH en 2021,  seront épuisées  en 2058.  Pour  résorber ces déséquilibres  et garantir  la durabilité des caisses en difficulté, le gouvernement a fait une série de propositions dont le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans y compris dans le privé et le gel de la valorisation des pensions sur une période de 10 ans.

La fuite dans les médias et les réseaux sociaux du document, mis au point par le ministère de l’Économie et des Finances, expliquant  les étapes de cette réforme avec un état des lieux du système de retraite national, a suscité la colère des syndicats. Principalement l’UMT dont le dirigeant El Miloudi Moukharik a déjà annoncé la couleur en rejetant la proposition de report de l’âge légal de départ de  la retraite à 65 ans. Les manœuvres  en retraite ont déjà commencé. Le gouvernement  va-t-il battre en retraite ?

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