Depuis quelque temps, le parti dirigé par Abdellatif Ouahbi est secoué par un scandale aux ramifications complexes où sont impliqués certains de ses membres influents. La BNPJ enquête.
La défaite du WAC dimanche 12 novembre face au sud-africain Mamelodi Sundowns en finale retour de l’African Football League a fait un grand malheureux : le président du club Saïd Naciri. Ce dernier misait beaucoup sur le sacre de son club en difficulté pour faire oublier son propre malheur qui lui donne des insomnies. Son implication présumée dans une obscure histoire de trafic de drogue dont le héros est un ressortissant malien du nom de El Hadj Ahmed Ibrahim, alias le « Malien». Espoir déçu. Immense désillusion. La tourmente est à son comble. Membre influent du PAM sous la bannière duquel il préside depuis 2021 aux destinées du Conseil préfectoral de Casablanca , M. Naciri ne roule plus des mécaniques. Inquiet pour son avenir, il n’arrête pas d’appeler ceux qu’ils créditent d’un pouvoir assez important pour l’aider à se tirer d’affaires. En vain. Said Naciri se sent seul. Face à ses propres ennuis. M. Naciri passe pour être une riche notabilité dont on connaît l’origine, Zagora, mais pas celle de la fortune qui reste difficile à identifier. « Il est entré comme beaucoup de ses semblables dans le club des milliardaires sans que l’on connaisse les noms de ses entreprises ni leur secteur d’activité », explique un ancien élu casablancais qui assure que M. Naciri est devenu une figure nationale du fait de son débarquement dans le monde du football qui lui a donné en même temps un certain ascendant au sein du parti où il a été obligé de geler ses activités à cause de ce scandale. « M. Naciri, qui ne manque pas du reste d’entregent, est le genre à appeler certains ministres PAM sur leur portable et leur faire quitter Rabat pour venir le rencontrer à Casablanca », confie un proche de l’intéressé. Mais Selon une enquête du magazine Jeune Afrique, le baron malien, qui était à l’origine un simple chamelier, du désert, a eu recours aux services de nombreux politiciens marocains pour transporter du cannabis. Arrêté en 2015 par la gendarmerie mauritanienne, il sera rapidement libéré en faisant intervenir ses accointances sécuritaires au Mali, avant de se faire cravater au Maroc où on ne badine pas avec le trafic de drogue. Pays du Sahel, le Mali est devenu depuis quelques années une plaque tournante du trafic de stupéfiants (cocaïne, cannabis etc.). Croupissant à la prison d’El Jadida depuis 2019, celui qui passe pour être l’un des plus grands trafiquants du continent serait en relation avec le président du WAC. C’est dans le cadre des investigations de la BNPJ sur le business du Malien que les noms de Saïd Naciri et une dizaine de personnalités marocaines ont été cités par El Hadj Ahmed Ibrahim. Saïd Naciri, tout comme les autres mis en cause, seront auditionnés en septembre dernier par une brigade spéciale dépêchée depuis Rabat pour vérifier le bien-fondé de la collusion du Malien avec ceux qu’il présente comme ses complices. Ceux-ci auraient profité, à en croire les dires de celui qui ne renie rien de son trafic illicite, de son incarcération pour faire main basse sur ses biens immobiliers mal acquis au Maroc. « Au fur et à mesure que l’enquête avance, d’autres complicités supposées émergent dans le domaine bancaire », croit savoir une source proche du dossier.
Parmi les mis en cause figure le président de la région de l’Oriental Abdenbi Bioui, PAM comme Saïd Naciri, et patron de Bioui Travaux publics. Entreprise basée à Oujda, elle connaît au cours des dernières années une ascension fulgurante en arrivant à décrocher des marchés dans les plus grandes villes du pays. Ce qui lui a permis de se faire en peu de temps un nom dans le cercle très fermé des BTP et à faire concurrence aux opérateurs anciennement établis.
Cette montée en puissance coïncide avec l’ascension politique de son fondateur sous la bannière du PAM. Après avoir été un député discret (2011-2015)et membre de la commission des infrastructures à la Première Chambre, ce natif d’Oujda en 1971 prend les commandes de la région de l’Oriental en 2015 et en 2020 fait son entrée dans le Bureau politique du PAM. Poursuivi avec l’istiqlalien Omar Hjira en sa qualité de président de la commune d’Oujda, pour dilapidation de deniers publics sur la base d’un rapport de la Cour des comptes, M. Bioui sera condamné en 2018 à un an de prison ferme (contre 2 ans pour son complice présumé, avant d’être blanchis en juillet 2023 par la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Rabat.« D’autres hommes d’affaires affiliés au PAM sont cités dans le cadre de l’enquête de la BNPJ », assure un conseiller de la majorité. Déjà très peu reluisante, l’image du PAM en prend un sacré coup. Hommes d’affaires ou à affaires ?