Il est premier en tout. Premier président US à premier président sortant à ne pas reconnaître sa défaite électorale face à Joe Biden et premier président à lancer en janvier 2021 ses hordes de partisans contre le Capitole, temple de la démocratie américaine, et premier ancien président à être inculpé au pénal. Dans un show mondialement médiatisé, l’ex-locataire de la Maison Blanche s’est soumis mardi 4 avril au prélèvement de ses empreintes digitales et s’est fait photographier comme un vulgaire prévenu au tribunal pénal de Manhattan.
Sur celui qui a plaidé non coupable pèse pas moins de 34 chefs d’inculpation en relation avec trois affaires glauques où il est soupçonné d’avoir orchestré une série de paiements pour étouffer trois scandales avant l’élection présidentielle de 2016. Lors d’une conférence de presse, le procureur de Manhattan, Alvin Bragg a dénoncé la « conduite délictuelle grave » de Donald Trump. Selon lui, l’ancien président américain est accusé « d’avoir fait de fausses écritures comptables».
Mais l’intéressé s’en moque, lui, qui n’a pas hésité avant même sa comparution à se servir de sa mise en cause judiciaire pour en tirer un grand bénéfice politique. Faire remonter sa cote de popularité au sein du parti et républicain dans la perspective d’un retour au pouvoir en 2024. Pari déjà réussi, Trump est de nouveau dans les bonnes grâces des siens. De retour en Floride après sa comparution, l’ex-président a qualifié son inculpation d’« insulte à la nation ». « Le seul crime que j’ai commis, c’est de défendre courageusement notre nation contre ceux qui cherchent à la détruire », a-t-il lancé dans un discours aux allures de campagne. Cette inculpation n’est pas pour le fragiliser politiquement. Elle peut même le relancer puisque d’un point de vue judiciaire déjà, une inculpation et une instruction en cours n’empêchent nullement quelqu’un d’être président aux États-Unis.
Résultat : C’est par la grande porte du banc des accusés que ce sacré Trump compte organiser son retour triomphal à la Maison Blanche Du pain bénit. Merci qui ? Ce n’est qu’aux Etats-Unis qu’un procès pour actes délictuels peut être un atout pour conquérir ou reconquérir le pouvoir ! En voilà un privilège inestimable et un cadeau inespéré pour le plus sulfureux des hommes politiques US.