Une courbe en dents de scie et beaucoup de questions

Les experts ne cachent pas leur inquiétude au sujet de la courbe nationale des contaminations au Covid-19. Depuis l’apparition du virus au Maroc le 2 mars dernier, force est de constater que celle-ci-a évolué en dents de scie, ce qui ne permet pas de savoir si on est en début ou en fin d’épidémie. Fait paradoxal, la levée des mesures de confinement général le 25 juin dernier sur une bonne partie du territoire national a coïncidé avec un rebond spectaculaire de la courbe des infections. En Europe par exemple, des pays comme la France, l’Italie ou en Espagne ont déconfiné leurs populations après que la courbe des infectés et des décès eut amorcé une décrue significative.

Au Maroc, le gouvernement a mis les Marocains en cloche pendant plus de 3 mois alors que le pays était contaminé à raison de 6 ou 10 cas par jour et décidé de décréter le déconfinement avec plusieurs centaines de cas enregistrés quotidiennement. Allez-y comprendre quelque chose !  Tout ça manque de cohérence.  De quoi s’interroger sur les éléments scientifiques pris en compte par le ministère de la Santé pour décider de la date du confinement et celle du déconfinement. La hausse considérable du nombre de cas dans un contexte de remise en liberté de la population n’est pas rassurante. Si quelqu’un connaît l’ampleur de la pandémie au Maroc, à quel pic elle va s’arrêter pour amorcer la décroissance, il est prié de lever le doigt pour éclairer notre lanterne.  

Et puis cette question lancinante : le nombre infiniment faible des décès au Maroc par rapport à la moyenne mondiale justifiait-il d’enfermer pendant plus de 3 mois la population et paralyser son économie avec les dégâts colossaux que l’on sait? Une autre question qui s’impose : Pourquoi avoir attendu longtemps avant d’annoncer la réouverture des mosquées pour le 15 juillet ?  Pourquoi le 15 juillet et pas le 25 juin (en même temps que les cafés, restaurants et plages…) Quels sont les facteurs objectifs qui ont présidé à cette décision ? En dehors des bulletins journaliers démoralisant sur le décompte des nouveaux cas, le ministère de la Santé n’a jamais pris la peine d’aller plus loin dans l’information sur l’épidémie en faisant le point sur les tendances générales (profil et âge des malades, le protocole thérapeutique adopté, foyers épidémiques…)

Le pire serait que les autorités de tutelle se soient inscrites depuis le début dans une politique d’improvisation au petit bonheur la chance. D’ailleurs, la rumeur qui s’est répandue récemment comme une traînée de coronavirus que le pays pourrait connaître un deuxième confinement juste après la fête du sacrifice participerait de cette absence d’expertise patente dans la gestion de la pandémie. Reconfiner le pays reviendrait à aggraver une situation économique et sociale nationale déjà désastreuse. Sauf s’il sait où il va, Khalid Aït Taleb risque de nous faire revenir à la case nulle part avec, qu’à Dieu ne plaise, un grand saut dans l’inconnu…    

Au fait, qui sont les membres du Conseil scientifique sur le Covid-19, censés élaborer des plans prospectifs et préventifs ? Pourquoi ils ne sont pas médiatisés ? Ils ont peur du star-system ?

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