Israël-Arabie saoudite : Tout baigne ?

Les tentatives de médiation entre Riyad et Tel Aviv ne s’arrêtent pas malgré le climat hypertendu dans les territoires palestiniens occupées surtout à Jérusalem Est où les colons extrémistes, sous prétexte de la Marche des drapeaux, piétinent les aires sacrées de l’islam comme de la chrétienté sous protection policière. Ces médiations qui prennent une importance particulières du fait qu’elles surviennent alors que le président américain Joe Biden envisage de se rendre en Arabie saoudite au cours de ce mois de juin, dans le cadre d’un voyage au Moyen-Orient qui comprendra également une étape en Israël, ont de sérieuses chances d’aboutir d’autant que les Saoudiens et les Israéliens partagent un ennemi commun: la république islamique d’Iran et ses proxys que sont les Houthis et le Hezbollah libanais.

En gage de sa bonne volonté et pour voir le royaume wahhabite devenir rapidement le 5e pays arabe à rejoindre les Accords d’Abraham, l’État hébreu examine une demande saoudienne visant à modifier le statut international de Tiran et Sanafir, deux îles de la mer Rouge, ont déclaré des responsables, ce qui rapprocherait Israël et l’Arabie saoudite de leur premier accord public.

L’accord mis en place par la Maison Blanche porte sur le transfert des deux îles Tiran et Sanafir de la souveraineté égyptienne à la souveraineté saoudienne. En 2017, l’Égypte et l’Arabie saoudite ont convenu que les îles seraient rendues à Riyad, une décision qui a été approuvée par le Parlement et la Cour suprême égyptiens. Elle nécessitait également l’approbation d’Israël, en raison des termes du traité de paix israélo-égyptien de 1979.

Israël a donné son accord tacite, dans l’attente d’un accord égypto-saoudien permettant aux observateurs multinationaux dirigés par les États-Unis de continuer à surveiller les îles tout en garantissant la liberté de navigation des navires en route vers le port israélien d’Eilat. Cet accord est bloqué depuis quatre ans, les questions relatives au statut final n’ayant toujours pas été résolues.

Ces petites îles de la mer Rouge pourraient donc donner un coup de fouet au rapprochement israélo-saoudien. Depuis des années, Israël et l’Arabie saoudite mènent des discussions secrètes sur des questions diplomatiques, sécuritaires et commerciales. De hauts responsables israéliens, principalement en charge des questions de défense, se rendent de temps en temps dans le royaume. Toutefois, l’Arabie saoudite n’est pas désireuse d’officialiser ces relations, principalement en raison du conflit israélo-palestinien. Selon une source bien informée, « le chemin vers des relations normalisées entre les deux pays est encore long. » Le « boycott » imposé par les États-Unis au prince héritier Mohammed bin Salman, en raison de son implication dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, a suspendu certains des sujets qui étaient en discussion entre les deux pays. Israël estime que les Américains souhaitent réchauffer leurs relations avec les Saoudiens, le président Biden pouvant éventuellement « gracier » bin Salman. Ceci intervient sur fond de crise énergétique mondiale causée par la guerre en Ukraine et les efforts de l’Iran pour augmenter la quantité de pétrole qu’il vend, les États-Unis tentant de faire de l’Arabie saoudite un acteur plus important en augmentant sa production de pétrole.

La démarche américaine peut rendre les relations saoudiennes avec Israël plus ouvertes, même si elles ne sont pas encore formalisées. La médiation américaine entre les deux pays a été rapportée pour la première fois par le site d’information israélien Walla!.

L’Égypte a annoncé qu’elle allait transférer les deux îles à l’Arabie saoudite en avril 2016. Dans le cadre du traité de paix entre Israël et l’Égypte, des observateurs internationaux étaient postés sur les deux îles, généralement américains. Tout développement sur les îles nécessitait le consentement d’Israël, y compris les changements dans le mécanisme de surveillance. Tiran et Sanafir étaient sous domination saoudienne jusqu’en 1950, date à laquelle Riyad les a transférées à l’Égypte, craignant qu’Israël ne les occupe.

Israël a annexé ces îles en 1956, mais les a rendues à l’Égypte quatre mois plus tard. Tout différend concernant l’accord de paix entre Israël et l’Égypte est censé être réglé, selon l’accord, par des négociations entre les deux pays. L’Égypte a bloqué le détroit de Tiran aux navires israéliens en 1967, un acte qui a servi de casus belli pour le déclenchement de la guerre des Six Jours. Israël s’est à nouveau emparé des îles, avant de les restituer à l’Égypte, ainsi que la moitié de la péninsule du Sinaï, en avril 1982, trois ans après la signature du traité de paix.

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