Le temps vient enfin de se rafraîchir, après une vague de chaleur torride… Ah, la chaleur, je ne m’y habituerai jamais, comme tout nordiste qui se respecte… Et je ne l’apprécie que lorsque je suis en vacances au bord de la mer, la méditerranée de préférence, occupé à contempler mes orteils, un grand verre de jus d’orange à la main, bien à l’abri sous un figuier exhalant ses senteurs musquées ! Voilà pourquoi je ne peux que clamer haut fort mon immense admiration pour nos compatriotes de «l’intérieur », qui vivent dans des villes situées loin des côtes, telles que Fès, Meknès et surtout Marrakech, qui se transforment en fournaises l’été venu… Des villes impériales, où l’on peut admirer des vestiges de monuments majestueux, certes, mais dont les habitants ne connaissent pas le chant des mouettes, le charme de la brise océane et l’appel du large !
Moi, la chaleur me rend morose… Et je me demande comment meknassis, fassis et marrakchis arrivent à conserver leur flegme et leur bonhomie légendaire, en toutes circonstances, même quand il fait 50% à l’ombre ! Chapeau bas, les amis ! Il est vrai qu’ils se sont merveilleusement adaptés au climat rude qui est le leur, et en en ont même fait un atout touristique majeur… Ah, la légendaire chaleur marrakchie, on vient des quatre coins du monde pour la découvrir et en profiter… Chaleur de son climat sec tout comme de sa chaleur humaine, elles vont souvent de pair, d’ailleurs ! Et que serait la «bahja marrakchia» par temps de froid sibérien, je vous le demande ?
En tout cas, le constat est quasi-général, si on travaille moins sous nos contrées brûlantes, c’est à cause de la chaleur… Et lorsque le Ramadan s’en mêle, c’est carrément la paralysie générale qui frappe nos économies fragiles ! Les Occidentaux ont enfin compris ce que les Arabes et les Mexicains ont mis en pratique depuis des siècles… La mettre en veilleuse pour économiser l’énergie… Au Canada, et dans les pays du Nord, en général, l’activité s’arrête lorsque la chaleur augmente… Si, si ça arrive et ça risque même de se produire de plus en plus souvent, dérèglement climatique oblige! Chez nous aussi, me direz-vous, l’activité affiche un électrocardiogramme plat lorsqu’il fait très chaud… Des précurseurs, que nous sommes ! Et comme il fait souvent très chaud…
Je voudrais d’ailleurs ici rendre un hommage appuyé à nos dirigeants, qui, dans leurs bureaux climatisés, gardent les idées relativement claires… Des dirigeants qui ne badinent pas avec la sécurité de leurs concitoyens, en évitant de les exposer au soleil par temps de canicule… Et si l’économie tourne au ralenti, c’est pour éviter la surchauffe… Ils y veillent ! Si les récalcitrants sont mis à l’ombre sans ménagement, c’est aussi pour leur bien… Le souci de sécurité, vous dis-je ! Et pourquoi ne s’active-t-on pas trop, même pendant la saison froide ? Le principe de précaution, tout simplement… Pour garder des réserves en vue de mieux se préparer aux futures canicules ! Et le principe s’applique tout aussi bien à nos chères têtes brunes qui, dans les lycées et universités, évitent avec constance la sollicitation des méninges et le frottement des idées… Cette dernière étant susceptible de provoquer une hausse subite de la température, avec les risques qui en découlent… La gestion du risque et l’économie d’énergie, ils connaissent, nos jeunes surdoués… En tout cas, et pour terminer sur une note positive, la chaleur n’a pas que de mauvais côtés… Si le rendement évolue de manière inversement proportionnel à la montée des températures, la covid-19, quant à elle, est en froid avec la chaleur ! Les éminents scientifiques, pour une fois unanimes, confirment que coronavirus et chaleur ne font pas bon ménage… Il suffirait d’un été particulièrement torride pour que ce méchant virus, adepte du confort et de la fraîcheur apaisante, étouffe et s’évapore… Merci, la canicule !