Le couple franco-allemand est en crise. Les priorités de Berlin s’éloignant de plus en plus de celles de Paris. Une tension qui grippe le moteur de l’Europe que Macron cherche à huiler. Les dirigeants se sont rencontré mercredi 26 octobre pour autour d’un déjeuner à l’Élysée pour établir une relation européenne vitale qui a été endommagée par des mois de désunion.
Mais « Paris n’a pas fait preuve de plus d’imagination pour tenter de masquer les divergences béantes qui ont conduit au report de plusieurs semaines d’un Conseil des ministres franco-allemand, prévu ce mercredi, répétant une formule éculée, tant elle a ponctué chaque brouille entre la France et l’Allemagne depuis la crise de la dette dans la zone euro : « Quand les priorités d’un pays ne convergent pas forcément avec les priorités de l’autre, la force du couple franco-allemand, c’est d’être toujours capable de s’entendre et de tirer l’ensemble de l’Europe vers le haut. » écrit Le Figaro du 26/10. À l’évidence, cette fois, il s’agit plus que d’un simple coup de froid entre Paris et Berlin. Sur la stratégie à adopter face à la flambée des prix énergétiques, le nucléaire, l’armement européen, rien ne semble plus aller entre la France et l’Allemagne. Les tensions franco-allemandes ont été mises à nu lors du conseil européen du 21 et 22 octobre à Bruxelles, lorsque Macron a déclaré aux journalistes que Berlin risquait de « s’isoler » en Europe. Bien que M. Scholz ait déclaré qu’il ne se sentait pas isolé « de quelque manière que ce soit », les deux pays se sont retrouvés dans des camps opposés lors d’un débat acrimonieux sur l’introduction d’un plafond européen sur les prix du gaz. Le ministre français des finances, Bruno Le Maire, a reconnu que les relations étaient « difficiles » et nécessitaient une « remise à zéro ». « La guerre en Ukraine, la question du gaz et de l’énergie et la question de la Chine doivent nous conduire à une redéfinition stratégique des relations franco-allemandes », a-t-il déclaré avant le sommet.
Les responsables de Berlin rejettent les rumeurs de discorde. « Nous avons des divergences sur certaines choses, mais pas sur les questions vraiment fondamentales », a déclaré l’un d’entre eux, ajoutant que « sur le soutien à l’Ukraine et l’aide aux entreprises touchées par la guerre, nous sommes très proches les uns des autres ». Toutefois, Pierre Sellal, ancien représentant permanent de la France auprès de l’UE, s’est inquiété du fait que les deux pays semblaient incapables de surmonter leurs différences comme ils l’avaient fait par le passé. « La machine à produire des compromis semble être bloquée », a-t-il déclaré dans une interview. La querelle sur le plafonnement du prix du gaz a été emblématique de cette situation, même si M. Scholz a finalement abandonné son opposition. D’habitude, l’Allemagne et la France se coordonnent étroitement à l’approche des sommets européens. Une fois un accord conclu, leurs positions sur les questions clés constituent une feuille de route pour l’action européenne. Mais l’absence de cette diplomatie soigneusement chorégraphiée lors de la réunion du 21 octobre dernière était symptomatique d’une relation de plus en plus conflictuelle. Ces dernières semaines, Paris et Berlin se sont affrontés sur des sujets aussi divers que les avions de chasse, les systèmes de défense aérienne ou les gazoducs.