Amwaj est né : Bienvenue au festival des bonnes ondes

Jusqu’au 17 décembre 2023 a lieu à Casablanca la première édition d’un événement très prometteur et très bien pensé. Il s’agit du festival Amwaj, organisé par l’Institut français du Maroc en partenariat avec l’association Longueur d’Ondes de France, et le studio indépendant Les Bonnes Ondes installé à Casablanca. La programmation annoncée  vaut le détour !

Lors de cet événement, les présents pourront profiter de l’expérience –et de la présence- d’une cinquantaine d’intervenants lors de tables rondes, écoutes collectives et performances artistiques. En plus, une exposition et un concert sont prévus. Et pour ceux qui se demandent ce que peut bien faire une exposition dans la programmation d’un événement lié au monde sonore (est-ce une erreur de programmation ?), la réponse est fascinante. Karim Rafi, l’artiste, explique : « Et si, de la brume, surgit la nuit ! est un objet (dispositif) sculptural flottant, constitutif d’expériences, sensorielles, auditives et visuelles… évoquant un paysage sonore et visuel, spacieux, irrésolu et instable. La pièce étend la pratique du sonore en l’inscrivant dans un champ conceptuel et plastique. Une expérience enveloppante et immersive où voix, chuchotement, poésie, parole, silence et l’écoute en constituent la matière. Les phénomènes mécaniques et acoustiques le support… » Cela ne donne-t-il pas envie d’y aller pour voir, et pour… entendre ?
Shanti Amblard, responsable audiovisuel & cinéma et programmatrice à l’IFM, nous parle un peu de ce festival et de ses objectifs : « Le festival Amwaj est le premier événement dédié au podcast, à la radio et à la création sonore au Maroc. Il réunira en un même lieu des journalistes, des musiciens, des artistes et les acteurs-clé monde du son. Nous souhaitions favoriser les rencontres, la découverte et diffusion des créations musicales ou radiophonique du Maroc et de France et la transmission entre professionnels ou amateurs ». Même son de cloche chez Mehdi El Kindi du studio Les Bonnes Ondes : « Le festival Amwaj a été mis en place suite à l’observation de l’intérêt du public marocain pour le podcast et la création sonore et aussi pour la rencontre des professionnels et des amateurs du son, pour créer et jeter des ponts entre porteurs de projets, producteurs, structures qui peuvent proposer un accompagnement ou prodiguer des conseils ».

Mais à qui s’adresse ce festival ?

Avant de donner la parole aux responsables directs, il convient d’expliquer certaines choses, de notre point de vue. Radio et podcast sont des secteurs, vraiment, très prometteurs, et qui suscitent des passions absolument formidables. Nous ne pouvons que conseiller à nos lecteurs d’y aller, ne serait-ce que pour se faire une petite idée, ou même pourquoi pas envisager de faire carrière dans l’un ou l’autre de ces domaines. Ce sont également des domaines qui peuvent attirer des gens ayant des sortes de dons, liés à ces secteurs-là, des gens qui pourraient aller jusqu’à envisager des reconversions professionnelles. Si vous avez un don, une belle voix, une capacité de faire rire ou réfléchir quand vous parlez, une aura, une capacité de maitriser la vitesse et l’exactitude de la (bonne) pensée proportionnellement aux contraintes de la radio ou du podcast, tout en respectant simultanément, et scrupuleusement, une ligne éditoriale prédéfinie (et souvent imposée, surtout dans la radio. Dans le podcast c’est à vous-même de vous en imposer une…), foncez-y, au festival ! Et récoltez le max d’infos et de contacts ! Cela étant dit, nous redonnons la parole à Madame Amblard, pour nous expliquer à quelle sorte de public s’adresse ce festival : « C’est surtout un festival dédié à la forme très particulière du podcast qui connaît une grande popularité au Maroc ; et par extension, nous avons souhaité que ce festival soit pluridisciplinaire pour aborder de multiples aspects de la création sonore. Le festival s’adresse donc à toutes et tous, sans distinction d’expérience, de génération ou de milieu ». Et Madame Amblard de nous expliquer comment il pourrait s’adresser à toutes et tous : « A travers les tables rondes, de nombreux sujets de société seront abordés : féminisme, journalisme ou encore musique traditionnelle. Le spectacle, le concert ou l’exposition permettront une approche plus sensible de ces sujets. Des rencontres scolaires et jeune public ont aussi été pensées pour sensibiliser les plus jeunes à l’univers du son et de la musique. Enfin, les formations s’adressent aux jeunes professionnels ou amateurs qui souhaitent développer leurs capacités dans le domaine ». Mehdi El Kindi, lui, voit les choses à peu près comme nous : « Le festival est ouvert à tous, nous recevons énormément de commentaires, de questions, de visites, de femmes et d’hommes qui découvrent des métiers, une passion. Le festival est aussi une réponse à toutes ces interrogations. Il y a la volonté de créer des réseaux professionnels mais aussi démystifier le monde du son et donner l’occasion à des curieuses et curieux de rencontrer, d’écouter, de découvrir, d’apprendre, de se former et de se faire accompagner. Sans oublier également le jeune public qui a lui aussi droit de cité à travers des spectacles et écoutes ».

Côté programmation

Il n’y a pas à dire, la programmation est très bien pensée (bravo aux organisateurs) et ce festival promet d’être passionnant. Nous ne pourrions tout énoncer, tellement il y en a, mais voici quelques événements susceptibles de vous donner l’eau à la bouche :  Oxmo Puccino, le grand rappeur, présentera son podcast « Les Histoires de Quartier » d’Arte Radio (et imaginez ici quelles anecdotes pourraient être divulguées), Omar Ouahmane, de Radio France, parlera de son parcours de grand reporter de guerre (rien que ça !) et le musicien et chroniqueur, Réda Allali (de Radio Maarif mais aussi de Telquel et de Hoba Hoba Spirit ; il en a des casquettes !) traitera de la question de l’expression populaire par le foot et le podcast. Nous trouvons d’ailleurs ce dernier extrêmement heureux de la naissance de ce festival, et il le révèle d’ailleurs lui-même : « Moi j’adore les podcasts, j’en écoute beaucoup. Et nous à Radio Maarif, on y croit, on croit que c’est un média qui est là pour durer. Ce n’est pas juste une mode. On est très heureux qu’il y ait un événement qui soit organisé dans notre pays qui nous permet de mettre le projecteur sur ce média et le booster. Parce qu’il est vraiment en pleine expansion dans le monde, il y a des chiffres qui sont incroyables. C’est un média qui est vraiment dans l’air du temps. Le podcast c’est aussi quelque chose de très addictif, ceux qui en écoutent en écoutent beaucoup, et il y a de plus en plus de gens qui en écoutent. On est très heureux de parler de notre expérience. J’aime beaucoup cet événement et sa programmation et je suis très content d’y aller ». Et pour ceux qui hésitent encore, Réda Allali énonce un autre paramètre, et non des moindres : « Le podcast c’est un média qui est un peu comme les réseaux sociaux, pratique pour s’exprimer. Il faut peut-être avoir un peu de technique pour faire du son et solliciter un hébergeur, mais ce sont finalement des choses assez basiques. Avec un téléphone, on peut y arriver. Il ne nécessite pas de gros investissements ». Ben alors ? Faut-il pas y aller ?!
Bref, Amwaj est un festival dont l’écho saura retenir sans faute, nous le pensons intimement. Et c’est donc un festival auquel Le Canard souhaite beaucoup de succès, une très longue vie, et une énorme faculté d’inspirer à tous les présents de bonnes, énormes passions !

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