« L’Exilé de Mogador » de Mhamed Lachkar en débat à El Jadida

Ouvrage très passionnant et polyphonique, « L’exilé de Mogador », œuvre de l’écrivain marocain, Mhamed Lachkar, a été présenté récemment à El Jadida, à un lectorat jdidi composé d’universitaires, d’hommes de lettre et d’étudiants mordus de la littérature. Le livre, qui  plaide contre les violences et atrocités subies par l’auteur au cours d’une partie de l’histoire du Maroc, porte un regard singulier sur la guerre qui opposait la république rifaine d’Abdelkrim aux Espagnols et aux Français entre 1921 et 1926, et se présente ainsi comme un hymne en faveur de la liberté. À travers ce roman de 365 pages, édité chez Slaiki Frères en 2021, l’auteur fait plonger le lecteur dans un univers où il décrit, avec une rare dextérité, ses conditions de vie d’exilé loin des siens. Une histoire intense inscrite, tour à tour, dans le passé et le présent, parsemée par l’attente et les frustrations à répétition, mais aussi par un exercice salutaire d’introspection douloureuse, où le sentiment d’injustice et de trahison constituait le « pain quotidien » de l’auteur pendant plus de deux décennies. Intervenant à cette occasion, M. Lachkar a expliqué que l’ouvrage raconte l’histoire du caïd Haddou Ben Hammou Lakhal, aviateur ayant travaillé de 1921 à 1926 aux côtés d’Abdelkrim El Khattabi. Au moment de la soumission de ce dernier, il a été arrêté par l’armée française, le 27 mai 1926 à Targuist dans le Rif, où il est resté prisonnier quelques mois dans un camp militaire, avant d’être placé en résidence surveillée à Mogador avec l’interdiction de la quitter, jusqu’à sa mort. Et d’ajouter, dans une déclaration à la MAP, que ce roman se veut une reconstruction d’une partie de l’histoire du royaume, ajoutant que la rencontre avec le public est une occasion pour lui « d’échanger, de répondre à certaines questions et surtout de continuer d’apprendre ».

« Jusqu’à présent, l’histoire du Rif se limite à Abdelkrim El Khattabi et Anoual, et là +L’exilé de Mogador+ vient relater les faits réels d’un personnage de second rangs, mais qui a joué un rôle remarquable face aux colons espagnols et français. C’est ma façon un peu d’envisager et d’aborder la question de l’histoire et de la mémoire collective, a-t-il dit. « Étudier l’Histoire, c’est interroger le passé pour nous aider à comprendre le présent et contribuer à préparer l’avenir », a indiqué, pour sa part, l’écrivain Chouaib Douib, dans une déclaration similaire. C’est pourquoi, a-t-il dit, cet ouvrage est « intéressant et surtout très instructif ». « Le roman historique, s’il est bien mené, c’est-à-dire si l’auteur prend la peine de bien se documenter, de bien agencer les événements, de bien mêler l’historique au fictionnel, donne souvent des textes majeurs, et c’est bien le cas de L’exilé de Mogador », a ajouté M. Douib. Initié par la Librairie de France, en partenariat avec le Laboratoire de Traductologie, Communication et Littérature et la Ligue des Ecrivaines d’El Jadida, cet événement culturel animé par Touria Uakkas, poétesse, et l’historien Boubker Bouhadi, a été marqué par la présence notamment de la directrice de l’Institut Français, Anne Belgued, ainsi que d’un parterre d’intellectuels et de passionnés de lecture et de littérature de la capitale des Doukkala.

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