Décidément, cette édition de la CAF n’est pas comme les autres ! Déjà, elle est intervenue en pleine pandémie de Covid19, décimant les rangs de certaines sélections et empêchant la plupart d’entre elles, dont la nôtre, de mener à terme leurs phases de préparation. Ce qui permettra, en cas de résultats décevants, de faire porter le chapeau au coronavirus, lequel, par les temps qui courent, constitue le prétexte idéal pour justifier les insuffisances de toutes natures ! Il faut dire que cette édition camerounaise de la CAF avait déjà été retardée d’une année en raison de la situation sanitaire avant de débuter finalement le dimanche 9 janvier. Ce satané virus ayant pris ses quartiers d’hiver, il faut bien apprendre à vivre avec dans la vie de tous les jours ! Mais plus que le Covid-19, l’arbitrage ou l’état des pelouses, que les perdants se pressent généralement de pointer du doigt, c’est le climat malsain ambiant qui interpelle le plus Lhaj Miloud… Un climat délétère, dénotant un clivage inquiétant entre les pays des deux bords du Sahara… Roger Milla avait déjà ouvert le bal des déclarations controversées en affirmant, quelques jours avant le début de la CAN, que les pays du Maghreb mettaient “toujours le bordel” dans cette compétition africaine… Bien sûr, le “Vieux Lion” a rapidement opéré un excellent rétropédalage en présentant ses plates excuses pour son propos malheureux, en précisant au micro d’une radio marocaine: “Je tiens à m’excuser si les gens ont mal compris, mais en aucun cas, je ne peux critiquer un pays d’Afrique”.
Notre gardien de but émérite, à qui il faut rendre hommage pour son talent et sa sobriété coutumière, a également créé le buzz en insistant à parler en darija et en réclamant un traducteur, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de la rencontre contre le Ghana dont il fut, soit dit en passant, le véritable homme du match avec un arrêt magistral en début de match… Bien sûr, les grands défenseurs de la langue arabe ont jubilé et le gardien de Séville est devenu leur coqueluche attitrée…
Et de rappeler qu’il était dans son droit le plus absolu, les organisateurs ayant (une fois de plus) failli à leurs obligations et l’article 3 des statuts de la CAF stipulant que «les langues officielles de la CAF sont « le français, l’anglais, l’arabe et le portugais ». Dont acte ! Sauf que Bono s’exprimait en dialecte marocain et que ses frères arabes enthousiastes auraient sans doute eu besoin également d’un traducteur pour comprendre ses propos… Des frères arabes qui, sur les chaînes satellitaires du golfe, se sont tous rangés résolument derrière les sélections d’Afrique du Nord, au détriment des nations subsahariennes. Il faut entendre leurs commentaires enflammés lors des rencontres opposant un pays «arabe» à un pays «africain» ! Et vas-y que je te donne du «notre équipe marocaine», «tunisienne» ou «égyptienne», l’œil mouillé et des trémolos dans la voix ! Ces journalistes qui font front commun pour dénoncer les mille et une misères dont seraient victimes les sélections de la «Oumma» en renvoyant dos à dos les organisateurs, les hommes en noir, la température étouffante et les terrains impraticables! Oubliant que la déontologie leur impose un minimum d’objectivité et de retenue !
Avec en filigrane un fond de racisme latent qui fait penser à Lhaj Miloud que les propos de l’ex-gloire camerounaise n’étaient peut-être pas tout à fait dénués de fondement! Ces mêmes journalistes dont beaucoup, lors du championnat arabe organisé au Qatar, ne reconnaissaient que du bout des lèvres «l’arabité» des équipes Nord-africaines. Mais qui, désormais, vantent leurs vertus guerrières comme si ces confrontations footballistiques s’apparentaient à de nouvelles « foutouhates » où l’Amazigh servait à nouveau de chair à canon… Même le grand Mohamed Salah s’est cru obligé de déclarer que l’Égypte devait sa victoire à l’arbitre de VAR algérien qui avait permis d’annuler le but splendide de la Guinée-Bissau, sous prétexte qu’une faute aurait été commise contre un défenseur égyptien… Propos particulièrement ingénus, la déclaration du maestro égyptien s’apparentant à une sorte d’hommage implicite à l’esprit de solidarité arabe dont aurait fait preuve l’officiel algérien… Ou alors, c’est Lhaj Miloud qui a l’esprit mal tourné ! Tout cela n’est pas sans rappeler le rapport qu’ont certains «Gaulois » à leurs compatriotes originaires des pays du Sud qu’ils acceptent en tant que Français à part (presque) entière lorsqu’ils réalisent des prouesses au nom de leur patrie d’adoption et dont ils rappellent les origines douteuses au premier faux pas !
En tout cas, Lhaj Miloud constate que les pays maghrébins ne sont finalement les bienvenus ni chez les frères arabes, qui auraient bien aimé que « leur coupe » soit remportée par l’un des leurs, ni en Afrique subsaharienne dont ils semblent vouloir s’exclure d’eux-mêmes par leurs propos à la limite de la décence… Oui, Lhaj Miloud est gêné de cette attitude xénophobe qui consiste à soutenir une équipe en fonction de son appartenance communautaire et non de la qualité de son jeu ou de son fair-play… Certes, il en a toujours été ainsi, diront les anciens… Alors, raison de plus pour que cela s’arrête ! Ou alors, que les pays du Maghreb organisent une compétition amazigh parallèlement à la « coupe arabe » et à la « coupe subsaharienne » ! Ah, il est beau, l’esprit sportif !