«J’avais sept ans quand il est parti. Curieusement, la terre a continué à tourner comme si de rien n’était. Comme si rien n’avait changé. Vu du ciel, un père qui s’en va est un non-évènement ; une banalité. Une de plus et alors ? Vu du ciel, ce n’est qu’une question d’échelle. Certainement pas la fin du monde. Mais pour moi ce fut la fin d’un monde. » Dans ce récit autobiographique de 166 pages, paru chez l’Harmattan le 4 mars 2022, l’auteure dépeint, à travers son histoire personnelle, le Maroc des années 70 à 80 avec un regard à la fois tendre et critique. Elle nous fait voyager de Rabat à Bordeaux puis du Caire à Paris. Elle nous livre son récit autobiographique avec une certaine lucidité empreinte d’autodérision. Touchant sans jamais tomber dans le pathos, son récit peut se lire comme une ode à l’optimisme et à la résilience et prouve, si besoin est, que l’on peut se construire et s’épanouir malgré ses blessures. Pourquoi ce récit autobiographique? La réponse de l’auteur en guise de Préambule
« Pourquoi écrire ? Maintes fois ai-je désiré raconter mon histoire particulière et maintes fois ai-je reporté l’ouvrage. Je n’étais pas encore prête à transcrire des partitions de ma vie, empreintes d’allégresse et de tristesse, encore moins à soulever le voile de ma mémoire. Mais le temps qui passe trop vite m’a fait prendre conscience qu’à force d’attendre le bon moment, un jour il serait trop tard. Tapi dans les méandres de ma mémoire, le passé guettait patiemment l’occasion de remonter à la surface. Ce fut alors un foisonnement d’images et des scènes en cascade accompagnés d’un torrent d’émotions et de larmes abondantes lors des premiers mois d’écriture. À l’évidence, me dévoiler m’aura aidée à exorciser mes blessures… Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je réussirais à réveiller ma mémoire, assoupie depuis tant d’années. Évoquer au grand jour les non-dits, mettre à nu mes cicatrices, relater mes petits bonheurs et mes grands chagrins m’a procuré un plaisir insoupçonné bien que doux-amer par moments. Aussi douloureuse fut-elle, l’anamnèse s’est révélée indispensable pour me réconcilier avec certains événements de ma vie au point de vouloir les partager. Personne ne m’a forcée à ouvrir la boite secrète, mais à peine en avais-je entrebâillé le couvercle que déjà, la situation m’échappait… »
Leïla Souane-Hellin a enseigné l’anglais à l’IUFM d’Outreau. Après avoir vécu 18 ans à Rabat, elle va étudier à Bordeaux puis à Paris avant de jeter l’ancre dans une charmante petite ville en bord de mer située dans le Pas-de-Calais. Quand la nuit se dévoile est son premier livre.