La Palestine bénéficie d’un soutien massif

L’ambassadeur israélien auprès de l’ONU Gilad Erdan détruisant symboliquement la charte de l’ONU…

Lors de sa dixième session extraordinaire d’urgence, l’Assemblée générale adopté le 10 mai  à une très large majorité, une résolution en faveur de l’admission de l’État de Palestine en tant que Membre de plein droit de l’ONU.  

Adoptée par 143 voix pour, 9 voix contre (Argentine, États-Unis, Hongrie, Israël, Micronésie, Nauru, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée et République tchèque) et 25 abstentions, ce texte recommande ainsi au Conseil de sécurité de «réexaminer favorablement» cette question, suite au veto du 18 avril des États-Unis. Par ce texte, l’Assemblée générale rehausse également le statut d’État observateur de l’État de Palestine en décidant « à titre exceptionnel et sans que cela constitue un précédent », d’adopter plusieurs modalités pour la participation de l’État de Palestine à ses sessions et travaux à compter de sa soixante-dix-neuvième session.
Parmi ces droits et privilèges supplémentaires, on peut citer le droit de siéger parmi les États Membres par ordre alphabétique; le droit de déposer des propositions et des amendements, de les présenter et de s’en porter coauteur; le droit de présenter des motions d’ordre; et le droit de réponse au sujet des positions d’un groupe.
Le texte précise en outre que l’État de Palestine, en sa qualité d’État observateur, « n’a pas le droit de vote à l’Assemblée générale ni le droit de présenter sa candidature aux organes de l’ONU ».
« En accordant à la Palestine le statut de Membre à part entière, vous enverrez un message fort en faveur de la solution des deux États », ont déclaré les Émirats arabes unis.  En présentant le projet au nom du Groupe des États arabes, la délégation émiratie a également soutenu que son adoption représente « un pas historique vers la rectification des injustices imposées aux Palestiniens depuis 1948 ».
De son côté, le Président de l’Assemblée générale a constaté que « les événements horribles des sept derniers mois n’ont fait qu’accélérer l’urgence de parvenir à une solution pacifique juste, globale et durable à la situation au Moyen-Orient», réaffirmant que la seule voie viable pour l’établissement de la paix au Moyen-Orient passe par la solution des deux États.
L’Observateur permanent de l’État de Palestine n’a pas dit autre chose en soulignant, avant la mise aux voix, l’importance de ce vote « historique », alors que le peuple palestinien fait face à des tentatives visant à « l’effacer de la géographie et de l’histoire» par « le nettoyage ethnique, l’apartheid ou le génocide ».  Il a accusé le Premier ministre israélien d’être « prêt à tuer des milliers d’autres Palestiniens pour assurer sa survie politique » et de vouloir « terminer le sale boulot » 76 ans après la Nakba de 1948.  Dans ces conditions, « comment expliquer qu’Israël ait été admis à l’ONU il y a 75 ans grâce à une résolution qui prévoyait deux États, et que l’État de Palestine doive encore attendre et se heurte à une porte fermée? » s’est-il interrogé.
Voter pour ce texte reviendrait à promouvoir la création d’un État terroriste « dirigé par le Hitler de notre époque », a répliqué le représentant d’Israël.

Solution des deux États

À ses yeux, le « vote destructeur » d’aujourd’hui ouvre la voie aux « collaborateurs de ceux qui ont brûlé des bébés juifs le 7 octobre ». Vous ne vous apprêtez pas seulement à octroyer le droit à avoir un État à « l’Autorité terroriste palestinienne », mais également à offrir des privilèges et des droits au futur « État terroriste du Hamas », a martelé le délégué, pour qui cet « acte impardonnable » signifie la destruction de la Charte des Nations Unies.  
Joignant la parole aux actes, il s’est saisi d’une mini-déchiqueteuse et détruit  symboliquement le traité fondateur de l’ONU.  Israël broie littéralement le droit international et ses instances sous les yeux de la planète entière comme il a broyé les droits des Palestiniens depuis plus de 70 ans !
La Fédération de Russie, favorable au texte, a dénoncé l’exercice du droit de veto exercé par les États-Unis sur le projet de résolution présenté le 18 avril au Conseil de sécurité, reprochant à ce pays de vouloir être « le policier du monde ».  Les États-Unis ont justifié leur rejet de ce texte au motif que « les mesures unilatérales à l’ONU et sur le terrain ne promeuvent pas la solution des deux États ». Ils ont toutefois assuré que ce vote négatif ne reflète pas leur position concernant un État palestinien, dont ils appuient l’avènement. Mais le statut d’État ne peut provenir que de négociations directes entre les parties, ont-ils fait valoir, rejoints par la République tchèque, selon laquelle il faut aussi inviter les États de la région à suivre la voie ouverte par les Accords d’Abraham.
Saluant un premier pas « modeste mais essentiel » pour réparer l’injustice historique envers la Palestine, la République islamique d’Iran a jugé qu’Israël n’a pas démontré qu’il mérite son statut d’État Membre, compte tenu du « génocide » auquel il se livre à Gaza.  Elle a également noté que le vote d’aujourd’hui laisse voir « l’isolement des États-Unis ».
De leur côté, l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la Lettonie, la Finlande, l’Italie, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Suisse ont expliqué leur abstention en jugeant prématurée l’admission de la Palestine comme État Membre, principalement au vu de la grande instabilité qui prévaut au Moyen-Orient.  La première étape devrait être, selon eux, de régler la crise à Gaza et de parvenir à un accord prévoyant la libération des otages et la fin des combats dans l’enclave.  Ils ont cependant assuré que leur abstention ne change rien à leur soutien ferme à la solution des deux États.
Résumant la position de l’immense majorité des États Membres, la France s’est, elle, déclarée résolument favorable à l’admission de l’État de Palestine comme nouveau Membre de l’ONU.  Elle a également insisté sur l’urgence d’un règlement politique global du conflit israélo-palestinien, sur la base de la solution des deux États, rappelant que c’est le sens du projet de résolution qu’elle a présenté au Conseil de sécurité.

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