En accordant une hausse salariale de 1000 DH par mois aux fonctionnaires, l’exécutif a cherché à mettre fin à l’exaspération sociale qui commence à toucher nombre de corporations en proie à des mouvements de grève sans précédent. Explications.
C’est un chef du gouvernement souriant et décontracté qui a tenu à annoncer, lundi 29 avril, à Rabat, la bonne nouvelle à la presse : une hausse générale de 1000 DH nets par mois des salaires des fonctionnaires qui n’ont pas bénéficié d’une revalorisation salariale. Cet accord conclu, à la veille du 1er mai, avec les syndicats et le patronat dans le cadre du round du dialogue social d’avril prévoit également, selon Aziz Akhannouch, une baisse mensuelle de l’Impôt sur le Revenu (IR) de l’ordre de 400 DH pour les fonctionnaires et les salariés des catégories à revenu moyen, ainsi qu’une nouvelle hausse de 10% du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) et du Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG). Avec cet accord, le nombre de bénéficiaires d’une hausse des revenus a atteint 4,250 millions depuis le début du dialogue social, dont 1,250 million de fonctionnaires du secteur public et 3 millions de salariés du secteur privé, ce qui confirme l’orientation démocratique et sociale du Royaume, a-t-il souligné.
L’exécutif avait approuvé en septembre 2023 une hausse de 5% du salaire minimum (SMIG) brut, passant de 2 970 à 3 120 DH, ce qui correspond à un net de 2 900 DH. Le salaire minimum garanti dans le secteur agricole (SMAG), actuellement de 2 303 dirhams, a également augmenté de 5%. Visiblement satisfait par les termes de cet accord social, Aziz Akhannouch a souligné que le round de dialogue social d’avril, a permis parallèlement aux mesures d’augmentation des revenus, de s’accorder sur les principes de base de la mise en oeuvre de la réforme des régimes de retraite et de la loi organique sur la grève, dont l’examen se poursuivra au parlement.
Exaspération sociale
Dans une déclaration à Maroc Hebdo, le secrétaire général de l’UMT Miloudi Moukharik s’est dit ouvert « à la négociation mais pas dans le sens de museler le droit de grève qui reste un droit constitutionnel».
La réglementation du droit de grève, un vieux serpent de mer complexe, a besoin d’une loi-cadre consensuelle pour éviter les débrayages intempestifs et qui s’éternisent comme ceux qui ont paralysé pendant des mois l’école publique. Dans ce sens, les centrales syndicales, souffrant d’un discrédit profond vis-à-vis de leur base, apparaissent dans ce contexte d’exaspération sociale de plus en plus dépassées par les événements et incapables de maîtriser leurs troupes. Devant cette situation, l’UMT, UGTM et autre FDT sont appelées à mettre de l’ordre dans leur maison déstabilisée par la floraison des coordinations qui commencent, comme l’a clairement montré la grève des enseignants, à tenir le haut du pavé de la revendication sociale. Le cadeau que leur a fait le gouvernement à la veille du 1er mai est censé les remettre en scelle en gagnant en crédibilité aux yeux du personnel de la fonction publique en désamorçant la tension qui commence à gagner des pans entiers de la fonction publique. Le gouvernement a sorti le chéquier pour calmer les pulsions contestataires de l’armée des fonctionnaires. Certes, la multiplication des débrayages dans des secteurs vitaux comme la santé, l’enseignement et la justice fait peur au gouvernement, mais est-ce le meilleur moyen pour optimiser le rendement d’une fonction publique peu efficace et pléthorique qui engloutit 13% du PIB?
Le dossier des retraites, dans son aspect financier et nombre d’années de travail supplémentaires, n’est pas moins difficile à gérer pour sauver des régimes au bord de la faillite qui font peser une menace sérieuse sur les pensions des retraités actuels et futurs. Les pistes de réforme , qui ont fait l’objet d’une série de réunions entre les syndicats et le ministre des finances, sont sur la table. Reste à s’entendre sur le meilleur scénario pour la mise en œuvre du plan de sauvetage.