Business politique : Salaheddine Aboulghali sur un terrain glissant

Débouté par la justice dans sa démarche de faire annuler sa suspension du parti, embarqué à son corps défendant dans un litige commercial troublant, le député-maire de Mediouna n’est pas au bout de ses peines.

Laila Lamrani

La justice a douché les espoirs de Salaheddine Aboulghali de retrouver sa place après le gel de son adhésion à la direction collégiale du PAM. Un jugement du tribunal de première instance de Rabat, rendu le 21 février 2025, a rejeté sa requête de faire annuler sa suspension par le Bureau politique en septembre 2024. Ce verdict est de nature à consacrer l’éloignement définitif de l’ex-membre de la direction tripartite des instances du parti. 

Cette affaire a une relation directe avec un litige purement commercial opposant indirectement Salaheddine Aboulghali au coordinateur régional du PAM à Casablanca-Settat, Abderrahim Bendaou, le roi du fromage au Maroc. Ce dernier a signé en décembre 2022, via un notaire de Casablanca également membre du PAM du nom de Salaheddine Chenguiti, une promesse de vente pour l’achat d’un terrain, propriété de la famille Aboulghali, situé dans la province de Médiouna, dont Salaheddine Aboulghali est député-maire. Comme l’acheteur potentiel initial n’a pas finalisé la transaction en versant dans un délai de deux mois la totalité du prix, soit 50 millions de DH, le terrain sera cédé entre temps à un autre homme d’affaires dans le BTP, également issu du PAM, Brahim Moujahid, à un prix plus avantageux d’environ 90 millions de DH. Aucune once de politique dans ce drôle de contentieux. Que du business entre pamistes !

Assurance

Ce qui n’a pas empêché la coordinatrice du parti Fatima-Zahra Mansouri de se mêler curieusement d’un litige commercial qui relève de la sphère privée et d’aller jusqu’à obtenir la suspension de Salaheddine Aboulghali de la direction collégiale ! Plus troublant encore, le nom de ce dernier n’apparaît dans aucun document de la relation contractuelle relatif à cette vente inachevée mais plutôt celui de son frère, Abdessamad Aboulghali, en sa qualité de gestionnaire légal des biens familiaux. Ce qui laisserait croire que les tribulations du dirigeant du PAM ont des soubassements politiques.

C’est sur ce point fondamental que la défense de Salaheddine Aboulghali insiste pour innocenter son client qui a été traîné en justice, ainsi que son frère, par Abderrahim Bendaou. Au stade d’instruction auprès du tribunal correctionnel de Aïn Sebaa ( Casablanca ), le dossier a été renvoyé à la BNPJ par le procureur du Roi pour approfondissement de l’enquête. Aux dernières nouvelles, les contours d’un arrangement entre M. Bendaou et les Aboulghali, dont les passeports ont été saisis, se dessinent, surtout que l’acheteur final du terrain de la discorde aurait exprimé sa volonté d’y renoncer au profit du seigneur du fromage ! Mais les ennuis de Salaheddine Aboulghali vont-ils cesser pour autant ? Rien n’est moins sûr. Selon une source politique, le terrain de la discorde ne devait même pas être vendu en raison d’une saisie qui frappe la SCI acheteuse dudit bien, laquelle SCI aurait ete transformée illégalement en SARL, ainsi que d’autres SCI possédant plusieurs terrains à Casablanca, par les héritiers de feu Bouchaïb Aboulghali. 

Le foncier litigieux et bien d’autres sont la propriété de la compagnie d’assurances la Victoire, appartenant au père défunt, qui fait partie des cinq assureurs mis en liquidation pour détournements de fonds dans les années 90. L’Etat marocain, fort de jugements définitifs en première instance, appel et cassation, réclame toujours aux héritiers la somme de 500 millions de DH au titre des dommages subis à cause des de la mauvaise gestion de la Victoire. Salaheddine Aboulghali sera-t-il rattrapé par les dossiers sombres du passé paternel ?

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