Rentrée scolaire : Très chère école

Une grosse épreuve pour bien des familles...

Il faut vraiment avoir le cœur à l’ouvrage pour exercer le métier de libraire. Réalisant l’essentiel de son chiffre d’affaires pendant la rentrée scolaire, celui-ci doit gérer une multitude de casse-têtes liés principalement à la pénurie des livres scolaires ou carrément leur inexistence.

Finies les vacances. Retour sur les bancs de l’école. La ruée des parents vers les librairies où ont été déposées au début de l’été une partie des listes des fournitures scolaires, a commencé. Le gros des troupes, scolarisés notamment dans le secteur public, a attendu début septembre pour partir à la recherche du contenu de leurs cartables. Nombre de fournitures ont connu cette année une légère baisse de prix, à la faveur d’une exonération de TVA (7%) consentie par le gouvernement sur la matière première et une série de produits comme les cahiers de texte, de coloriage, les cartables, les stylos à bille et à encre, ardoises et autres  trousses. Du côté des livres, la douloyreuse ne baisse pas. Bien au contraire. On assiste même à une hausse dans les prix des livres d’importation prescrits par les écoles des missions étrangères et certains établissements d’enseignement privé. Résultat : un cartable du lycéen du privé type mission pèse  entre 2500 et 3.000 DH contre 800 DH pour celui de l’école publique.

Quant aux  manuels locaux commandés par les écoles publiques, leur prix connaissent une stagnation, au grand soulagement des parents. Mais ces derniers sont obligés de crapahuter de libraire en librairie avec l’espoir de dénicher certains livres rares ou carrément inexistants. Ce scénario qui se répète à chaque rentrée scolaire trouve son origine dans plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci l’impression d’exemplaires en quantités limitées pour éviter une perte d’argent au cas où le stock ne serait pas écoulé dans son intégralité. Ce qui est très souvent le cas puisque les éditeurs agréés par le ministère de l’Éducation nationale mettent chaque année  sur le marché de nouvelles versions « actualisées et enrichies » du même livre de la saison précédente. Or, les changements apportés sont la plupart du temps insignifiants (modification d’une photo ou léger remaniement d’un texte et parfois petit décalage de l’ordre du foliotage des textes) ne devraient nullement justifier ce renouvellement perpétuel et cachent en fait une recherche effrénée du profit au détriment des intérêts de l’élève et des parents. Or, les mises à jour des manuels scolaires ne doivent en principe se faire qu’à l’occasion des réformes des programmes, tous les 4 ou 5 ans, qui se traduisent  par des niveaux  de production assez importants et donc de gains exceptionnels pour les éditeurs.

Petites marges

Il est vrai que le modèle économique du scolaire, dont les chiffres de vente sont fluctuants, a ses particularités mais la manière chaotique dont il est géré au Maroc et la multitude d’éditeurs qui opèrent sur ce créneau exhale des relents mercantiles. C’est l’avis de tous les acteurs y compris des enseignants qui  se voient contraints de gérer malgré eux d’innombrables contradictions qui confinent parfois à l’absurde. Les libraires qui ne sont pas mieux lotis pointent de leur côté l’importance du volume des invendus qui augmente d’année en année du fait notamment du renouvellement des éditions du livre scolaire du public. « Les invendus du livre scolaire représentent pour nous une perte sèche puisque l’éditeur ne les récupère pas », déplore un libraire du quartier Maarif. «Les libraires vendent les manuels scolaires à leurs risques et périls et voient les petites marges qu’ils réalisent sur les différentes fournitures scolaires englouties par les exemplaires non vendus», fustige un autre, une pointe d’agacement dans la voix. Un libraire du centre-ville a trouvé, lui, une solution radicale : cesser de vendre le livre scolaire de l’enseignement public dont il dit avoir accumulé  des stocks énormes au fil des années et de commercialiser exclusivement les livres de l’enseignement privé. « Après avoir dressé un bilan minutieux, nous avons réalisé que le business du livre scolaire de l’État  nous fait perdre de l’argent à cause de ses petites marges  et l’ampleur  de ses invendus », explique-t-il, la mine grave. Les invendus sont générés aussi par les livres de la filière du privé mais dans des proportions moins importantes. «Là aussi, il arrive que des livres, pour la plupart édités à l’étranger, connaissent quelques mises à jour mais ce n’est pas aussi  fréquent que pour les éditions du cru», indique un libraire du quartier Habous.

Missions étrangères : L’espagnole, la moins chère et la plus efficiente

Le Maroc est un eldorado pour l’enseignement privé étranger qui prospère sur le terreau de la crise qui mine l’école publique. France, États-Unis, Espagne, Italie, Belgique. Ces pays y ont installé des structures éducatives dont les tarifs restent assez élevés par rapport au revenu moyen général. Aussi la rentrée scolaire représente-t-elle une grosse saignée pour de nombreuses familles plus ou moins aisées qui ont fait le choix de scolariser  leur progéniture sous pavillon éducatif  étranger. Les parents se plaignent surtout de la hausse annuelle continue et injustifiée à leurs yeux  des frais de scolarité notamment dans les établissements de l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). A Casablanca, la première année lycée 2024-2025 coûte en frais de scolarité, après l’augmentation de 1500 DH annoncée en avril dernier,  la bagatelle  de 55.600 DH. Ça en-saigne fort ! La plus chère en termes de frais de scolarité est de loin l’école américaine, entre 67000 DH pour la maternelle et 139000 DH pour le cycle secondaire. La plus abordable de toutes les missions opérant au Maroc et sans doute la plus efficiente est l’espagnole avec des frais tous niveaux confondus  (scolaires et activités extrascolaires) ne dépassant pas 25000 DH par an. Relevant du ministère espagnol de l’Education nationale, ces instituts installés à Casablanca, Rabat, Tanger,  Tétouan, Nador, Larache et Laâyoune  sont les seuls à conserver l’esprit de la coopération en ne cédant pas au mercantilisme qui s’est emparé depuis longtemps de ses consoeurs étrangères.

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