La quinzième édition du Festival de la Culture Soufie se tiendra, du 22 au 29 octobre prochain à Fès, sous le signe « Science et conscience ».
Cette 15ème édition qui s’inscrit dans « ce souffle de la transmission de l’héritage culturel du soufisme », accueillera près de 200 artistes et chanteurs spirituels du Maroc et de confréries du monde, qui préservent les traditions des musiques du soufisme tout en leur donnant une interprétation à la fois vivante et inspirée, indiquent les organisateurs.
La création d’ouverture proposera une immersion à la cour moghole indienne, où les virtuoses de la musique hindoustanie de l’Inde du Nord, les interprètes de chant soufi « qawwali» et de la danse kathak seront réunis pour mettre en lumière un prince soufi indien du XVIIème siècle, « Dârâ Shikôh » et ses actions en faveur de la coexistence fructueuse des religions.
L’exposition « Les manteaux des Eveillés », suivie du concert de sitar indien, ouvrira le Festival et le programme artistique sur le thème de l’éveil de la conscience, précisent les organisateurs, qui relèvent que l’art contemporain apportera ainsi son regard sur la transmission traditionnelle soufie de l’influx divin et prophétique à travers le manteau ou « khirqa ».
Quatre concerts exceptionnels permettront ainsi de découvrir l’ensemble du Samaa Orchestra, l’art du Mugham d’Azerbaïdjan inspiré de la poésie soufie de Nizami, la musique indienne hindoustanie ou la danse « khatak » portés par une jeune génération de virtuoses exceptionnels.
En outre, le Festival accueillera pour la première fois l’ensemble de musiciens et de derviches tourneurs turcs de Konya pour un grand « Samaa mevlevi », en référence au célèbre poème des « Rubâi’yât de Rûmî », « Les atomes dansent », évocation poétique de la conception scientifique des atomes au XIIIème siècle.
Quant à la création de clôture, elle rendra hommage au grand maître marocain du soufisme arabo-andalou, Muhammad Al-Harrâq, célébré en tant que maître de la Voie par la Beauté et dont l’œuvre poétique sera chantée par les plus grandes voix du chant arabo-andalou.
Cette 15ème édition qui accueillera, par ailleurs, des tables rondes et des masterclass (avec plus de 60 intervenants provenant de 15 pays) « permettra de mieux appréhender la façon dont s’est articulée cette relation entre science et conscience ou encore foi et raison à travers l’histoire dans la civilisation de l’Islam dans ses connexions avec diverses courants de culture et de pensée, jusqu’à aujourd’hui ». Seront également questionnées les relations entre les sciences, les religions et plus globalement les spiritualités. D’éminents spécialistes du dialogue entre science et foi, venus des quatre coins du monde, mais aussi des représentants des différents cultes participeront à ces débats.
Un émouvant récital de chants bretons et soufis consacrés aux Sept Dormants, rendra hommage au moine rescapé de Tibhirine disparu récemment au monastère de Midelt, frère Jean-Pierre Schumacher.
Dans l’esprit de ce partage artistique et inter-cultuel, l’Ensemble judaïque Matruz donnera un concert de chants Piyyoutim à la Synagogue Ibn Danane à Fès.
En s’appuyant sur l’ouvrage du XIIème siècle de Nizami Gandjani, Khusrow et Shirine, souligne-t-on de même source, l’initiation spirituelle par les arts est au centre des masterclass, ont-ils fait savoir, ajoutant que ces masterclass « permettront d’apprendre et de pratiquer dans des lieux de patrimoine de la cité fassie ».