Écrits sur l’histoire enseignée au Maroc

Quand on parle de l’histoire écrite on pense normalement à des écrits qui témoignent d’une époque récente ou ancienne. Mais il y a aussi l’histoire de l’histoire, autrement dit des écrits qui témoignent d’une histoire qui peut être officieuse ou officielle. Cette dernière est celle qui est adoptée académiquement par le pouvoir qui l’inculque à la population. Elle forge la mémoire collective d’un État ou d’une nation. Elle se perpétue de génération en génération via l’enseignement officiel. C’est le sujet du livre « Écrits sur l’histoire enseignée au Maroc » de Mostafa Hassani Idrissi paru chez L’Harmattan le 9 juin 2021.

S’étalant sur 332 pages, cette publication, écrit Mostafa Hassani Idrissi, « est un recueil d’articles traversés par l’interrogation sur les finalités identitaires et intellectuelles de l’enseignement de l’histoire au Maroc. Il a pour objectif de permettre aux didacticiens d’histoire, marocains ou étrangers, de disposer d’une quinzaine d’articles, dispersés pour la plupart dans diverses publications, et donc pas toujours accessibles aux uns ou aux autres. J’intègre également dans ce recueil des textes inédits ou des textes de synthèse qui puisent largement dans d’autres articles qui ne sont pas repris ici intégralement. Une fois rassemblés, à la lumière de l’intérêt actuel ou historique qu’ils peuvent offrir au lecteur, j’ai pu classer ces articles en six rubriques d’épaisseur inégale certes, mais qui ont le mérite de dissiper l’hétérogénéité initiale de l’ensemble en lui assurant une progression thématique, certes construite à posteriori mais qui a l’avantage d’inscrire les articles dans des problématiques définies. Il n’a pas été dans mon intention d’actualiser certains de ces textes qui semblent avoir vieilli au regard des programmes et de certaines questions d’actualité. Tout texte est à lire et à saisir en le plaçant dans son contexte. Le vieillissement des textes n’est pas lié automatiquement à leur date d’écriture, mais aux changements qui ont pu avoir lieu dans la politique et les pratiques d’enseignement de l’histoire. Cependant, pour la recherche didactique, même un texte vieilli présente un intérêt historique indéniable. C’est le cas par exemple des articles sur la Révolution française ou sur De Gaulle… »

En fait l’auteur, qui est professeur de didactique de l’histoire à la Faculté des Sciences de l’Éducation de l’Université Mohammed V de Rabat, auteur notamment de Pensée historienne et apprentissage de l’histoire, (l’Harmattan, 2005, Prix de l’Instruction René Devic, Montpellier 2007), agit ici plus comme documentaliste qu’un spécialiste de l’enseignement de l’histoire. Il collecte des textes plus au moins actuels – dont certains anciens – pour mette en avant un point de vue sans vraiment le soutenir, en espérant que le lecteur à la lumière des documents qu’il lui propose fera le reste. « L’histoire est une de ces branches d’enseignement dont l’acquisition est souhaitable même du vulgaire et des gens désœuvrés ; elle est recherchée à l’envi par les rois et les grands, et appréciée autant par les hommes instruits que par les ignorants ». Ce n’est pour rien que l’auteur a ouvert son avant-propos par cette citation de Ibn Khaldoun, (Prolégomènes). L’histoire permettrait-elle de raconter des histoires en son nom ?

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