Les éditions du Sirocco rééditent «La Liqueur d’Aloès». En préface, Hind Taarji rappelle l’enjeu de cette réédition : « Le temps a passé, et avec lui le souvenir des années de plomb s’est quelque peu estompé. D’où l’importance de remettre à la portée de la jeune génération un récit d’une telle qualité, littéraire et historique ». Un récit poignant publié la première fois par Jocelyne Laâbi en 2004. « Témoignage essentiel sur les années de plomb », l’ouvrage réédité récemment aux éditions du Sirocco est un récit inoxydable qui se veut un hommage à son époux, le poète et écrivain Abdellatif Laâbi, et une preuve de reconnaissance envers le Maroc, pays qu’elle connaît depuis qu’elle était toute petite.
« À l’âge de 7 ans, Jocelyne Laâbi quitte Lyon avec sa famille pour venir vivre au Maroc, à Meknès. Toute à l’exploration, heureuse, de ce nouveau pays, elle prend cependant peu à peu conscience des réalités de la société coloniale des années 50. La découverte d’un lourd secret familial finira de l’éloigner d’un père aimé et d’une société dont elle rejette vivement les mentalités. « …là sommeillent les souvenirs de mon enfance, là je me suis forgé une conscience, là j’ai appris le refus. »
Mariée avec le poète Abdellatif Laâbi, ils affrontent et surmontent ensemble les dures années de répression politique, vécues dans leur chair, portés par leur amour lumineux jusque dans les heures les plus sombres.
Jocelyne Laâbi n’a pas eu une vie facile. Mais le récit qu’elle en fait dans Liqueur d’aloès est tout sauf une complainte. Avec humour, fraîcheur et lucidité, elle retrace son parcours tout en cherchant à saisir les enjeux historiques de ce qu’elle a traversé. Et ce qu’elle raconte, c’est au final une trajectoire d’émancipation. La Liqueur d’aloès est le récit, intense et pudique, d’une vie, d’un combat, d’une passion, au travers duquel se dessine le portrait d’une femme éprise de vérité et de justice, comme celui d’un pays qu’elle a ardemment voulu faire sien.
Ce livre essentiel a été publié pour la première fois chez Marsam en 2002. Il a également été adapté au cinéma par Abdelkader Lagtaâ, sous le beau titre de La moitié du ciel, en 2015.