Les berbères du Souss et Casablanca, une relation historique riche en apports…

À l’occasion de Yennayer, le Nouvel An Amazigh célébré le 14 Janvier, Casamemoire a consacré une édition de son cycle de conférences “Les Rencontres du Patrimoine” à “La présence de la culture Amazighe à Casablanca”.

La rencontre a eu lieu vendredi 24 janvier, à l’American Arts Center of Casablanca. Pour animer ce rendez-vous culturel, trois éminents spécialistes du patrimoine amazighe, le chercheur et documentaliste de valeur Omar Amarir qui a consacré plusieurs livres aux figures du capitalisme berbère et leurs parcours prodigieux dont feu Haj Hassan Amzil, fondateur des Atlas Peintures, Mohammed Obenal, sociologue et chercheur à l’Institut Royal de la Culture Amazighe sur la musique berbère dans ses différentes facettes et Ghadir Elidrissi Raghni, anthropologue et modératrice de cette rencontre qui s’est intéressée au patrimoine amazighe, notamment sa danse traditionnelle Ahwach. Devant un public curieux et captivé, les intervenants ont apporté des éclairages inédits sur l’apport amazigh dans l’édification de Casablanca et l’enrichissement de son identité plurielle.

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Omar Amarir lors de la conférence.

Omar Amarir situe le début de la relation des berbères Soussis avec Casablanca au 17ème siècle, exactement en 1748 lorsque le sultan Mohamed Ben Abdellah favorise leur implantation dans la ville, avant d’être rejoints par des soldats Boukhara de Meknès. C’est dans le sillage de ces pionniers du Souss que Casablanca accueillera par vagues successives depuis le début du siècle dernier plusieurs villageois partis de rien pour construire des conglomérats prospères et écrire de belles success story. Hommes d’affaires doublés souvent de nationalistes, ils ont contribué pour bien d’entre eux au financement de la résistance contre le protectorat.

Casablanca a attiré aussi d’autres profils qui ont marqué l’histoire de la ville et au-delà. En plus de certaines figures emblématiques de la chanson amazighe comme Haj Belaid également poète ou Haj Mohamed Demssiri, la cité a ouvert ses bras a des oulémas du Souss peu connus du grand public. C’est ainsi que Omar Amarir nous apprend que le quartier Zaouia à Derb Ghallef était à l’origine un sanctuaire d’un grand Alem Soussi du nom de Baakili auquel Casablanca doit aussi l’une de ses premières imprimeries. Sans oublier une foultitude de mosquées qui se dressent encore aujourd’hui comme un témoignage vivant de la contribution des berbères à la richesse culturelle et cultuelle de Casablanca.

Le sud du Maroc berbère n’a pas seulement enfanté des industriels autodidactes et des oulémas remarquables de l’envergure de Mohamed Mokhtar Soussi mais aussi des footballeurs comme père Gigo, originaire de Issafen à Tiznit ou Larbi Benbarek de Tissint a Tata. Pour sa part, Mohamed Oubenal, sociologue à l’IRCAM, a porté un regard avisé, fruit d’un travail de recherche approfondi, sur la culture amazigh, à travers notamment ses rouaiss de renom et leur influence sur la scène musicale casablancaise. Peu de gens savent que l’histoire de Casablanca s’est nourrie des affluents culturels berbères. C’est ce qui ressort des exposés de ces chercheurs qui ont donné à voir des dimensions insoupçonnées de la capitale économique.

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