Tous les événements de masse, qu’ils soient à caractère culturel ou sportif ou politique sont reportés ou carrément annulés. Le Coronavirus est passé par là.
Juste après l’annonce du premier cas du Coronavirus au Maroc dans la soirée du lundi 2 mars, une décision aussi inattendue que malheureuse tombe comme un couperet : l’annulation de la 15ème édition du Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM) prévue à Meknès du 14 au 19 avril 2020. Ainsi en ont décidé le ministère de m’agriculture et l’association qui organise l’événement chaque depuis 2005.
« Cette décision survient dans le cadre des mesures de sécurité liées à l’épidémie du Covid-19 et qui recommande la restriction des grandes manifestations et rassemblements de masse » explique-t-on dans un communiqué.
Pénalisante pour les exposants en particulier et l’agriculture nationale en général, cette mesure bouleverse l’agenda d’une manifestation dont les préparatifs sont déjà à un stade avancé et fait basculer les organisateurs dans une situation laborieuse, celle des indemnisations des participants nationaux et étrangers qui ont déjà réservé et payé leurs stands. Selon Jawad Chami, commissaire du SIAM, l’équipe dédiée à l’organisation est entrée immédiatement après la décision de l’annulation en pleines négociations avec ses différents partenaires. «Si quelqu’un a fait une prestation, on est obligés de l’honorer quel que soit notre situation, il n’y a pas de fuite en avant, il y a des gens responsables et un conseil d’administration qui va tenir ses engagements et qui va honorer les contrats jusqu’au bout», a déclaré M. Chami au Canard Libéré.
Investissements
Pas de business agricole donc cette année ni pour les grands opérateurs ni pour les coopératives qui profitent du SIAM pour réaliser l’essentiel de leurs chiffre d’affaires en vendant au public leurs produits du terroir. Le coup est tout aussi dur pour les hôteliers et les commerçants de la capitale ismaïlienne qui se voient ainsi priver de leur principale source de revenu annuelle. L’édition précédente du SIAM a enregistré la participation de 60 pays issus des 5 continents.
En termes de présence, 850.000 visiteurs se sont donné rendez-vous au salon en 2019, fort de 1.365 exposants ainsi que 331 GIE-Coopératives. Cette année ce sera zéro pour tout le monde. L’égalité devant la dèche.
Le tourisme n’est pas mieux loti, qui a une peur bleue du Coronavirus qui cloue les avions au sol et limite du coup le contact entre les humains. Résultat : les annulations des réservations tombent en cascade.
Meknès connaît un certain essor touristique malgré la faiblesse de sa capacité litière assurée par 78 établissements d’hébergements touristiques classés : sept hôtels 4 étoiles, neuf établissements 3 étoiles, quatre 2 étoiles, deux 1 étoile, 41 maisons d’hôtes, 3 résidences touristiques, 12 gites et fermes. Pour remédier à ce problème et avoir des lits supplémentaires, la ville a lancé, début 2019, des investissements pour une enveloppe dépassant les 600 millions de DH. S’agissant du tourisme, Marrakech est particulièrement en première ligne, accusant le coup des résiliations des contrats des congrès et ses incentives que la ville abrite pendant les mois de mars avril et mai. Une occasion pour les professionnels de faire entendre à chaque crise leurs complaintes habituelles.
Gare à la psychose
Un boulevard s’est ouvert devant les annulations des manifestations de masse. Après l’annonce de l’annulation du SIAM, c’est au tour du PAM de décider du report de de la réunion du parti qui devait se tenir le samedi 7 mars prochain à Rabat pour élire le nouveau Bureau politique. Également annulée la journée mondiale de la femme célébrée chaque année dans les cinémas du groupe Megarama qui offre des projections gratuites aux femmes. La 6ème édition Forum Cran Montana prévu du 18 au 21 mars à Dakhla risque elle aussi de faire les frais de l’épidémie, les autorités marocaines envisageant sérieusement de l’ajourner. Par mesure de précaution, les dernières peuvent interdire à tout moment les autres manifestations donnant lieu à des rassemblements de masse. Mais est-ce la solution ? Propice au recueillement, Ramadan approche. Va-t-on alors interdire les prières dans les mosquées prises d’assaut par un nombre phénoménal de fidèles ? Et comment gérer le problème du transport en commun bondé de monde dans les bus, les trains et le tramway ? Faut-il prohiber les déplacements ? Autant mettre tout un pays en quarantaine. Gare à la psychose. Elle est dangereusement contagieuse.