Cette économie de rente qui appauvrit le pays…

L'exploitation des carrières de sable fait partie des activités opaques qui obéissent à la logique de rente.

Ayons  le courage de déclarer la fin de la rente et de la remplacer par l’ouverture à la concurrence qui passe par le recours aux cahiers des charges.
 

Il y a tellement de secteurs encore protégés au Maroc sur fond de pratiques anti-concurrentielles que le Conseil de la concurrence enchaîne les enquêtes grand public Après l’enquête  sur le fonctionnement de la corporation des pétroliers et le rapport  sur le marché des fruits et légumes, deux filières qui cristallisent le mécontentement populaire du fait de la flambée de leur prix, l’institution dirigée par l’excellent Ahmed Rahhou planche sur deux activités de grande consommation: le business du café contrôlé par quelques entreprises et celui de la sardine dont le prix de vente est jugé trop élevé par rapport au pouvoir d’achat du grand nombre.
Derrière ces abus de domination se profile dans bien des cas  une économie de rente créée par  une réglementation caduque datant de plusieurs décennies et un système prébendier savamment entretenu via le dispositif des agréments, les fameuses » grimates » qui donne lieu au passage à des redistributions clientélistes. C’est ce système dont les bénéficiaires directs ou indirects  font fi de la concurrence loyale, de la transparence commerciale et de l’efficience économique qui sous-tend bien des activités comme celle des taxis,  du transport de voyageurs par autocar, toujours tributaire l’un comme l’autre du privilège des  « grimates » ou le  secteur juteux de la pêche dont l’exercice est conditionnée par l’obtention d’une licence octroyée par le ministère  de tutelle.
Pour la sardine par exemple, les connaisseurs savent que ce produit fragile n’échappe pas à une entente sur les prix entre les acteurs de la pêcherie pélagique, les opérateurs  de la conserve et les processionnels de la farine de poisson. L’objectif de cette pratique répréhensible par la loi  c’est que les industriels  accèdent en permanence à la ressource à des prix très intéressants pour faire tourner leur business. Comme pour les fruits et légumes et d’autres denrées alimentaires, c’est le consommateur  final qui trinque. Alors que le prix de vente de la sardine ne dépasse pas  3 DH  à l’embarquement  au port, il est vendu entre 20 et 25 DH sur les étals des marchés de Casablanca ou Rabat!
Le jeu de la spéculation et la multiplicité des intermédiaires, aggravé par les circuits de commercialisation au détail, qui gonfle ainsi leurs marges,  expliquent cet écart énorme des prix que les responsables justifient sans convaincre par la loi de l’offre et la demande. Une telle flambée qui touche aussi les autres espèces notamment le poisson blanc est difficile à avaler dans un pays doté de deux façades maritimes de plus de 3000 kilomètres.
Ce qu’il faut savoir aussi c’est que la sardine consommée sur le marché national est celle qui ne peut pas résister, en raison de son extrême  fragilité,  à une expédition vers les marchés espagnols.

Transparence

Il est grand temps que les pouvoirs publics mettent de l’ordre en amont et en aval dans les activités en relation avec les produits de la terre et de la mer, de façon  à ce que leur prix d’achat soit en ligne avec le pouvoir d’achat de la population. Ceci passe par le démantèlement de la rente qui peut être  aussi générée par l’absence de l’intervention de l’État dans des secteurs essentiels comme l’enseignement privé ou l’immobilier qui pratiquent des prix scandaleusement élevés.
Antinomique avec l’initiative privée et l’entreprenariat encouragés par ailleurs par les pouvoirs publics à grand renfort de programmes dont le dernier en date est Forsa, la rente rime par définition avec opacité, privilèges et absence de reddition des comptes. Pour tout dire, les agréments sont un égarement. Espérer faire émerger sous le fardeau des agréments un secteur économique en bonne et due forme, compétitif, créateur d’emplois et de richesse pour tous est une pure illusion.
Alors, ayons le courage de déclarer la fin de la rente et de la remplacer par l’ouverture à la concurrence ! Celle-ci passe par le recours aux cahiers des charges. En plus d’introduire une bonne dose de  transparence dans les transactions, ce mécanisme qui pourrait être adopté  pour l’exploitation du droit de pêche, d’une ligne de transport terrestre, d’une activité de taxi  ou pourquoi pas d’un établissement d’enseignement privé est de nature à  induire une meilleure répartition des  richesses et de favoriser une véritable employabilité.  
Le  trop perçu par les lobbys des écoles payantes et des promoteurs immobiliers, dont les services et les produits sont plus chers que dans nombre de pays européens voisins, se traduit par l’appauvrissement d’une bonne partie  de la population marocains  y compris la classe moyenne qui, entre une fiscalité élevée, le renchérissement  du coût de la vie et le poids de l’endettement , a intégré à son corps défendant la catégorie des  nouveaux pauvres.
A cette classe importante par sa capacité d’épargne et de consommation,  il est essentiel de rendre son pouvoir d’achat injustement confisqué. La relance de la consommation intérieure, actuellement en berne, en dépend. En attendant, l’angoisse des fins de mois et bien d’autres privations, les familles modestes ne sont pas les seules à les connaître.

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