Des rumeurs qui se sont avérées infondées ont circulé il y a quelques semaines sur une possible révision par l’administration Trump de l’accord de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis. De prime abord, on est tenté de se poser cette question: Pourquoi Trump réviserait-il un accord sans véritable enjeu financier pour son pays ? Signé le 15 juin 2004 et entre en vigueur le 1er janvier 2006, cet ALE, quoiqu’il ait permis d’augmenter le commerce bilatéral qui de 1,3 milliard de dollars en 2006 à 5,5 milliards de dollars en 2023, les bénéfices ont été limitées pour le Maroc qui n’a pas su tirer le profit escompté de ce partenariat commercial. En faveur des États-Unis, le déséquilibre commercial s’est accentué, avec un déficit côté marocain d’environ 1,8 milliard de dollars en 2023.
Le Maroc exporte essentiellement vers les États-Unis des produits agricoles et les engrais phosphatés. Ce dernier produit a subi étrangement en novembre 2024 une hausse des droits de douane ( de 14,21% à 16,81%) décidée par le département du commerce des États-Unis sous la pression du concurrent américain Mosaic. D’un point de vue de Donald Trump, l’ALE Maroc-USA pourrait gêner à terme les intérêts américains en raison des investissements chinois au Maroc. Washington serait tenté de contrecarrer les produits chinois fabriqués localement, comme les batteries pour véhicules électriques. La guerre commerciale déclarée par Trump a la Chine, l’Europe et même à ses voisins canadien et mexicain risque de freiner le flux mondiaux d’investissement direct étranger…Le Maroc, qui mise essentiellement sur les capitaux extérieurs, pourrait être la victime collatérale de ces hostilités.