Décidément, le Maroc n’a pas fini avec l’ambivalence de l’Union européenne merveilleusement entretenue par sa justice. Mercredi 20 septembre, le tribunal de l’Union européenne a annulé, suite à un recours introduit par le Polisario, entretenu et financé par l’Algérie, les deux accords liant le Maroc à l’UE, l’un sur la pêche et l’autre sur les produits agricoles. Le tribunal européen a donc jugé judicieux d’annuler ces accords tout « en maintenant leurs effets pendant une certaine période afin de préserver l’action extérieure de l’Union européenne et la sécurité juridique de ses engagements internationaux », lit-on dans le communiqué de presse rendu public par la juridiction du Luxembourg. Magnanimes, les juges de cette dernière considèrent que «leur annulation avec effet immédiat est susceptible d’avoir des conséquences graves sur l’action extérieure de l’Union européenne et de remettre en cause la sécurité juridique des engagements internationaux auxquels elle a consenti».
Encore heureux que cette drôle de justice qui rend des arrêtés politiques avec un habillage juridique se préoccupe de la crédibilité des institutions politiques européennes. Une crédibilité largement entamée depuis que les responsables marocains ont compris il y a longtemps que le tribunal européen est utilisé comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête du Royaume. La Cour de justice de l’UE n’avait-elle pas décidé d’annuler les mêmes accords en 2015 ? Ce sont les manœuvres sournoises qui continuent… Après cette annonce qui n’a pas tellement surpris les dirigeants marocains, l’UE et Rabat, par la voix de leurs chefs de la diplomatie respectifs, Nasser Bourita et Josep Borrell, se sont engagés dans une déclaration conjointe à poursuivre leur partenariat commercial qui en vérité n’en est pas un : «Nous prendrons les mesures nécessaires afin d’assurer le cadre juridique qui garantisse la poursuite et la stabilité des relations commerciales entre l’Union européenne et le royaume du Maroc». On voit mal de quelle manière face à une attitude pour le moins curieuse qui nourrit les désaccords au lieu de veiller à faire respecter les accords signés entre les deux parties liés par un partenariat stratégique. Face au jeu trouble persistant de l’UE et de sa justice instrumentalisée, les dirigeants marocains finiront-ils par tirer une fois pour toutes les conclusions qui s’imposent ?