Selon une enquête de l’hebdomadaire français L’Obs, l’un des grands journalistes du journal satirique Le Canard enchaîné a travaillé, dans les années 1960, à l’insu des patrons du journal, pour les services secrets de la Tchécoslovaquie, alors pays-satellite de l’Union soviétique.Puisant dans un dossier des services secrets tchécoslovaques, le Státní Bezpečnost (StB), exhumé par l’historien tchèque Jan Koura, vice-recteur à l’université Charles de Prague, l’hebdomadaire raconte que Jean Clémentin, une des grandes plumes du Canard enchaîné qui signait sous le pseudonyme de Jean Manan, a espionné pour le compte de ce pays satellite du bloc de l’Est. «De 1957 à 1969, Jean Clémentin a aussi été un espion stipendié des Tchécoslovaques, donc du camp soviétique», écrit le magazine dans son enquête qui révèle aussi que Jean Clémentin, âgé de 98 ans et protégé par la prescription, serait allé jusqu’à publier de fausses informations dans les colonnes du « volatile» sous la dictée du StB, notamment sur l’affaire Ben Barka accréditant la thèse de l’implication des services français et de la CIA dans l’enlèvement en octobre 1965 de l’opposant marocain.
A en croire un article publié dans The Observer, dans son édition du 26 décembre 2021, (voir le Canard Libéré n° 674), l’ex-leader de la gauche marocaine, assassiné ensuite dans des circonstances jamais élucidées, émargeait auprès du même StB et son ennemi de l’époque la CIA. Le bidonnage du journaliste-espion du Canard sur le sujet Ben Barka avait-il pour objectif inavoué de faire diversion en mettant les enquêteurs sur de fausses pistes ? Le StB qui en savait certainement trop sur cette mystérieuse affaire avait-il joué un rôle dans la tragédie Ben Barka ?