Le RN de Bardella à deux doigts du pouvoir en France : Ça va barder…

Jordan Bardella, président du Rassemblement national.

Score exceptionnel aux élections européennes, dissolution de l’Assemblee nationale, les astres sont alignés pour que l’extrême droite s’installe aux affaires…

C’est le même rituel qui se répète depuis l’époque de Jacques Chirac sur les plateaux télé de France à chaque poussée de l’extrême droite : diabolisation de ce courant politique, le Rassemblement national (RN) en l’occurrence, et appel à la formation d’un « front républicain » pour lui barrer la route. L’avancée spectaculaire réalisée par ce parti lors des élections européennes de dimanche 7 juin a fait pousser les mêmes cris d’orfraie  de la Macronie  à la gauche en passant par la gauche…

Mais que reste-il objectivement de ce front républicain  qui n’a fait en vérité que retarder sa prise de pouvoir inexorable, inscrite dans la réalité politique française ? Tôt ou tard, la digue, malgré le colmatage des brèches, finit par céder sous la pression de la puissance du courant.

Vue du Maroc, cette diabolisation à outrance  de lex-F  par les partis traditionnels et les commentateurs politiques qui leur sont acquis, alors même  qu’il a fait sa mue et gagne en popularité pendant que ses adversaires perdent en crédibilité, est un brin troublante. Pour un pays qui se vante d’être le parangon de l’exercice democratique, cette attitude ne laisse pas d’étonner. Le Royaume n’a-t-il pas connu l’arrivée aux affaires de sa tendance politique extrême, le PJD en l’occurrence?  Arrivés  démocratiquement au pouvoir par les urnes avant d’en être chassés tout aussi démocratiquement une décennie plus tard, les islamistes, usés par l’exercice du pouvoir, ont subi un vote-sanction sévère en 2021.

Produits d’une réalité franco-française, Marine Le Pen, Bardella et leurs amis comprendront, une fois aux manettes, qu’on ne gère pas un pays avec « ya qu’ faut qu’on ». Ils réaliseront, le moment venu, que l’immigration, principal fonds de commerce qui leur a permis d’être une machine à égrener les votes, est un facteur de croissance d’une économie et que vouloir la stopper en chassant les migrant c’est condamner le pays à la paralysie économique  et aggraver le déclinisme de la France. Une journée de grève de la main-d’œuvre étrangère, qualifiée ou pas, mettrait le pays à l’arrêt dans pans entiers de son économie, a fortiori prétendre s’en passer au risque d’isoler le pays en accentuant ses problèmes de compétitivité. Cette leçon de réalisme politique a été administrée par la présidente du Conseil italienneGorgia Melonie, la présidente du Conseil italienne, qui était la première leader d’extrême droite en Europe  à prendre le pouvoir en 2022. 

Coup de poker

La cheffe post-faciste, confrontée à la réalité du pouvoir et ses multiples contraintes, fait plutôt une politique consensuelle, au grand soulagement de ses partenaires européens, qui redoutaient le pire…       

Et puis, les Français ne sont pas dupes, ils préfèrent essayer l’original qu’est l’extrême-droite plutôt que de garder la copie incarnée par la macronie au pouvoir. Au cours de ces dernières années, celle-ci, dont les choix ultralibéraux ont provoqué  bien des dégâts dans la France des travailleurs, a fait clairement le jeu du Rassemblement national sur plusieurs dossiers dont  le dernier en date est le projet de loi immigration tricotée à l’idéologie de l’extrême-droite. En poussant les siens à  voter ce texte en décembre dernier, Emmanuel Macron, handicapé par une absence de majorité à l’Assemblée nationale qui l’a contraint à abuser du 49/3, a offert  au RN une victoire politique inestimable. Une assemblée nationale aujourd’hui dissoute par un président qui tente un « coup de poker»  dans l’espoir de se voir offrir une majorité confortable que les électeurs lui ont refusée en 2022  en agitant la peur de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. Nombre d’observateurs politiques locaux jugent que  le champion du jupitérisme  ne pense qu’ à son destin personnel  au détriment de l’intérêt de la France. Avec son «pari fou»,  les élections anticipées convoquées pour le 30 juin et le 7 juillet, soit en plein JO, risquent au mieux de déboucher sur une cohabitation avec l’extrême-droite et tourner  au pis à la victoire écrasante de cette dernière. Dans l’une ou l’autre configuration, un boulevard leur serait ouvert en 2027 vers l’Elysée. On dit merci qui ?