Perdus et déboussolés depuis l’incarcération de leur ex-président pour trafic de drogue, les Wydadis ne savent plus dans quelle direction tirer. L’heure désormais est à la mobilisation pour sauver un club confronté à un double déficit : financier et d’image.
Une ambiance lourde règne au sein du Wydad depuis que son président Saïd Naciri a été pris dans les filets de la justice pour trafic de drogue. Les dirigeants sont perplexes , les joueurs perdus et les supporteurs ont le cafard.
Bien avant l’arrestation le 22 décembre 2023 de son patron déjà empêtré dans les interrogatoires de la BNP , l’équipe casablancaise enchaîne les contre-performances en championnat et en ligue des champions après 10 ans de bons résultats autant sur le plan national que continental. Le Wydad n’est plus ce club qui fait peur et que ses adversaires calculent.
A commencer par le Raja dont les supporteurs se délectent des déboires de leur grand rival et des malheurs de M. Naciri. N’ont-ils pas accusé ce dernier, du temps où il était président de la ligue national de football professionnel (2015-2022) de comploter en Botola contre le Raja en mobilisant l’arbitrage pour les faire perdre? Facteur aggravant, la trésorerie est presque à sec et attend d’être alimenté par des rentrées d’argent notamment de la CAF et par une contribution de solidarité liée au transfert du gardien de but Yassine Bounou de FC Séville vers le Hilal saoudien. En proie à une crise financière sans précédent, le WAC cumule les dettes et nombre de joueurs n’ont pas perçu leurs salaires et primes. Sans compter les litiges avec le Tribunal arbitral du Sport (TAS) et la CAF ainsi que l’administration des impôts. Il a suffi pour qu’il soit arrêté pour que les problèmes remontent subitement à la surface. En cause, la gestion à la Naciri, c’est-à-dire à la papa sans concertation ni rigueur. Et dans la plus parfaite des opacités et des mélanges des genres.
Au point de confondre son patrimoine personnel-dont on connaît aujourd’hui l’origine douteuse- et celui de l’association WAC.
Seul maître à bord, l’enfant de Zagora s’occupait de tout, du recrutement des nouveaux joueurs et des opérations de transfert. Ce n’est pas le genre, eu égard à son profil, à être sensible à la modernisation du club et de son fonctionnement dans le cadre d’un partage des rôles.
D’ailleurs, les appels d’une partie du club à restructurer les volets communication et marketing sont restés lettre morte sous sa présidence. Tout comme il a ignoré les revendications de redynamiser les autres sections sportives du club.
«Saïd Naciri était sur un nuage surtout que le WAC a réussi avec lui à enrichir son palmarès avec 5 titres de la Botola Pro, 2 sacres à la ligue des champions africaine et une Supercoupe africaine». explique un ex-dirigeant du club qui ajoute : « ces exploits ont encouragé Naciri à personnaliser sa gestion des affaires du club et à n’écouter que lui-même». On ne change pas une recette ou une méthode qui gagne fut-elle opaque et désordonnée.
Proposition
Aujourd’hui, le club casablancais paie au prix fort cette gestion unilatérale en liant son sort à un homme impliqué de surcroît dans une grave affaire liée au trafic international. Les dégâts ne sont pas seulement financiers mais ils sont aussi d’ordre moral compte tenu des effets ravageurs de ce scandale sur l’image du club. Il est vrai que la réputation du club de football le plus titré du Maroc, le plus prestigieux aussi, en prend un sacré coup dont on ne se remet pas facilement.
«Depuis l’éclatement de cette histoire, on entend plus les Wydadis, ils se font plus petits, rasent les murs », ironise un rajaoui. « C’est une honte d’être aujourd’hui Wydadi, renchérit un autre. Un autre va plus loin en déclarant que le WAC doit restituer tous les titres sportifs acquis sous l’époque de Saïd Naciri. Rien que ça.
Au WAC, on se serre les coudes pour tenter de traverser cette mauvaise passe sur tous les plans. En attendant de nommer un nouveau chef qui voudrait bien prendre la relève, les membres du comité directeur ont élu lundi 2 janvier Abdelmajid Bernaki au poste de président par intérim. Les missions principales du successeur de Saïd Naciri portent essentiellement sur la gestion administrative, financière et sportive du club, selon un communiqué rendu public à l’issue de cette réunion.
Ce provisoire qui risque de durer n’est pas du goût de certains membres qui militent pour la tenue dans les plus brefs délais d’une assemblée générale pour nommer un nouveau président. Une proposition rejetée par d’autres membres qui préconisent au nom de la présomption d’innocence d’attendre l’issue du procès de leur ex-chef pour prendre une décision définitive.
Divisés et déboussolés, les wydadis ne sont pas encore au bout de leur peine. Sauver leur club, redorer son blason et faire renouer l’équipe avec la performance constituent leurs principaux buts. Quant à Saïd Naciri, il a tout loisir de méditer dans sa cellule individuelle (une mesure de protection pour lui éviter une potentielle agression d’un supporter) sur sa triste fin en ruminant bien des choses…