En guise de sanction, les Français ont offert à leur président une majorité absolue de tracas politiques…
Vu du Maroc, le scrutin législatif français, notamment son second tour, est porteur d’une foultitude d’enseignements. A commencer par celui-là : Les Français ne sont pas dupes. Ils ont décidé, à travers leur vote de dimanche 19 juin, de border leur président et son entité électorale par deux ensembles politiques qui feront un jour tomber le pays dans leur cabas : l’extrême droite et l’extrême gauche (la radicalité n’est au fond que les symptômes d’une société en crise) qui ont envoyé sous la coupole un nombre inédit de députés. Jamais atteint auparavant. Merci qui ? Nous sommes bel et bien en face d’un vote-sanction, un carton jaune par rapport au premier mandat présidentiel qui avait démarré dans la joie et la confiance pour finir dans la défiance et la douleur, les Français ayant estimé sans doute que leur président n’a pas tenu ses promesses et qu’il les a même, avec son bagout, menés en bateau…
Pour son second quinquennat qui faute de majorité absolue a les allures d’un saut dans l’inconnu, Emmanuel Macron aura donc les mains liées, obligé pour gouverner de composer avec les deux principales forces d’opposition adoubées par le peuple. Autrement dit, il doit tenir compte du programme de ces dernières, à connotation sociale, s’il veut éviter le blocage du pays. Sauf à se résoudre pour sortir de l’impasse à l’option risquée de la dissolution de l’Assemblée nationale comme l’avait fait Jacques Chirac en 1997, M. Macron et sa famille politique hybride sont promis au purgatoire. A moins qu’il réussisse entre-temps à débaucher les députés LR (dont une partie a déjà rejoint son clan) pour compléter son tour de table politique ou embarquer ses adversaires dans un gouvernement d’Union nationale – scénario que rien ne justifie – comme il l’avait proposé au leader des communistes Fabien Roussel. On l’aura compris des déclarations des uns et des autres, les nouveaux opposants forts du second mandat macronien sont décidés à en découdre avec le président affaibli et lui mener la vie dure. Entre le jeu de Nupes de Mélenchon et la Marine ennemie du RN, M. Macron et ses hommes sont condamnés à l’enlisement. Que restera-t-il finalement des deux mandats – si tant qu’il termine ce second de toutes les incertitudes – de l’ex-ministre des Finances de François Hollande? La Macronie, qui a commencé sous la bannière « La République en Marche » pour muter en « Ensemble! » Survivra-t-elle à son géniteur ingénu ? Quel visage arborera la France après Macron ? Un champ politique en ruines, abandonné aux démons de l’extrémisme ?