Quel grand coeur ce ce Mustapha Aziz ! Ce dernier a décidé de céder toutes les parts qu’il possède dans le groupe Strammarine-spécialisé dans le dragage- dont il est président au profit des ouvriers et cadres des filiales de cette entité. Geste trop rare pour ne pas être salué qu’il dit avoir effectué en guise de «remerciements et de reconnaissance» de leurs sacrifices. C’est depuis Paris où il est installé que ce patron extraordinaire a annoncé la bonne nouvelle aux heureux bénéficiaires de ses largesses par un texte lapidaire et non daté rédigé en arabe intitulé «communiqué à l’occasion de Aïd Al Fitr». En voilà une excellente action qui laisse supposer a priori que son auteur est un homme pieux proche non seulement de son Dieu mais aussi de ses collaborateurs.
Mais Mustapha Aziz qui a décroché les honneurs du Canard pas plus tard que la semaine dernière (Voir le n° 726) pour avoir été condamné à 6 ans de prison pour faux et usage de faux en relation avec son litige avec les héritiers du fondateur du groupe feu Lahcen Jakhoukh est en fait un petit malin aux intentions très peu claires. Derrière son geste troublant conforme selon lui à une volonté du défunt fondateur se cache en fait une tentative désespérée de se débarrasser du groupe Strammarine dont les filiales (Drapor, Rimal et MedOcean), dont il est accusé par les héritiers Jakhoukh d’avoir mis la main par des moyens frauduleux, sont toutes aujourd’hui en redressement judiciaire. En faillite, ces entités, dont les employés n’ont pas reçu leur salaires depuis plusieurs années, font figure de cadeaux empoisonnés. Mustapha Aziz a monté tout ce film pour échapper à une éventuelle extension de la procédure de liquidation à son patrimoine personnel en cas de faits de mauvaise gestion avérés. Et sur ce plan, la question qui coule de source est celle-là: Où sont passés les actifs et les biens des entreprises en faillite qui avaient des décennies durant le monopole de l’activité de dragage au Maroc ? Bonjour la navigation en eaux troubles !